Une femme sur cinq et un homme sur dix déclarent avoir déjà subi des rrêter la violence sexuelle et l’inceste. Dans 81% des cas, les victimes sont des mineurs et 17% des cas à l’âge de l’adolescence, 2% à l’âge de 18 ans. Dans 94% des situations, les agresseurs sont des proches.
- 70% des personnes interrogées ont déclaré avoir subi des violences sexuelles,
- 68% au moins un viol,
- 40% rapportent une situation d’inceste,
des chiffres alarmants que rapporter le 1er mars 2015 une enquête de l’association Mémoire Traumatique et Victimologie, avec le soutien de l’UNICEF France.
Aujourd’hui, l’inceste nous horrifie, mais cela a-t-il toujours été le cas dans notre société ?
La perception sociale et culturelle de l’inceste a évolué au fil des siècles, même si cette évolution n’a rien de linéaire. Au Moyen Âge, par exemple, l’inceste était considéré comme un acte consenti et non comme une violence sexuelle imposée à l’enfant. Celui-ci pouvait donc être jugé responsable de ce crime, encourir des poursuites judiciaires et être puni, tout comme le parent incriminé.
Dans la société patriarcale du XIXe siècle, on faisait peu de cas des atteintes à l’intégrité morale des enfants violentés. Le déni et la loi du silence dominaient.
La sensibilité qui est la nôtre aujourd’hui à l’égard des violences incestueuses s’explique notamment par la démocratisation de la vie familiale (l’époque de la toute-puissance paternelle est révolue) et par l’affirmation, tout au long du XXe siècle, de l’enfant comme sujet de droits.
De quels outils dispose-t-on pour estimer l’ampleur du phénomène ?
La France a pris beaucoup de retard en matière de mesure des violences sexuelles. Il a fallu attendre les années 2000 pour que des enquêtes soient menées auprès d’échantillons représentatifs de la population et permettent d’améliorer nos connaissances statistiques sur le sujet. Il ressort de la dernière enquête en date, Virage (Violences et rapports de genre), que l’Institut national d’études démographiques (Ined) a conduite en 2015 et dont les résultats sont en cours d’exploitation, qu’au cours de leur vie:
- 5 % des femmes et un peu moins de 1 % des hommes de 20 à 69 ans ont été victimes de viol ou tentative de viol ou d’attouchements dans le cadre familial ou de l’entourage proche.
- Surtout, plus de 90 % de ces actes, s’agissant des femmes, et 100 %, concernant les hommes, se sont produits pour la première fois entre 0 et 18 ans.
Les garçons sont donc aussi victimes d’inceste ?
Effectivement. Mais les violences sexuelles sans pénétration commises sur les garçons, comme des fellations ou des masturbations imposées, n’ont pas le statut de crime de viol. De plus, l’inceste commis par des femmes est occulté par le stéréotype de la mère nourricière, protectrice, nécessairement douce…, et reste largement impensé. Or, bien que dans une proportion très inférieure à celles des hommes, les femmes peuvent commettre des violences incestueuses ou être complices d’un homme auteur de tels actes.
- 1 garçon sur 10 a eu des rapports de pénétration de la part d’une personne proche (père, oncle, frère ou grand-père), soit en moyenne 5% au niveau national, la plupart de ces victimes sont aujourd’hui membres de la communauté LGBT, après un rapport de viol incestueux.
- en 2020, un Français sur 10 dit avoir été victime d’inceste durant son enfance. Cette réalité est reflétée par une enquête Ipsos pour l’association Face à l’inceste menée sur Internet sur 1033 majeurs et publiée ce jeudi.
- 23% des participants rapportent avoir dans leur entourage une ou des personnes victimes d’agressions sexuelles commises par un membre de leur propre famille durant leur enfance.
- Plus de 3 Français sur 10 connaissent au moins une personne victime d’inceste.
- 10% des sondés déclarent en avoir été eux-mêmes victimes d’inceste, soit 6,7 millions de personnes.
- 78% de ces victimes sont des femmes.
- 22% sont des hommes.
Le nombre de victimes d’inceste en hausse
Cette violence intrafamiliale connaît une augmentation constante depuis plusieurs années, l’inceste qui s’est emparée de la problématique au début de l’an 2000 en 2009:
- 3% des sondés disaient avoir été victimes d’inceste;
- ils étaient 6% en 2015;
- ils sont aujourd’hui 10%, selon l’enquête Ipsos, mais cette proportion reste encore sous-estimée selon l’association Face à l’inceste.
L’inceste est-il plus fréquent dans certains milieux sociaux ?
Tous les milieux sont touchés. Il faut en finir avec la thèse misérabiliste selon laquelle les violences incestueuses seraient l’apanage des familles défavorisées. Ce stéréotype qui fait écran à l’appréhension de la réalité ordinaire de l’inceste reste extrêmement vivace. Il continue de sévir, en particulier, chez des professionnels de tous horizons (police, justice, santé, éducation sociale…) et dans les médias, comme on a pu le voir pendant le procès d’Outreau en 2004, après le lancement #MeToo certaines des victimes ont apporté la lumière de la vie vécue autour de leurs proches.
- Parmi ces victimes, 8 sur 10 ont déclaré que les faits se sont déroulés lorsqu’elles étaient encore mineures. Une sur deux avait moins de 11 ans. Une sur cinq moins de 6 ans.
- Selon un rapport de l’OMS rendu public en 2014, 20% des femmes et 5 à 10% des hommes dans le monde ont subi des violences sexuelles pendant leur enfance.
- dans 96% des cas, l’agresseur est un homme.
- 94% des situations, c’est un proche qui commet l’agression sexuelle. Ainsi, un enfant victime sur deux est agressé par un membre de sa famille.
- dans un cas sur 4, l’agresseur lui-même est mineur.
A l’âge adulte, un viol sur deux serait un viol conjugal. Seuls 18% des viols de personne majeure seraient causés par un inconnu.
Ces agressions sont lourdes de conséquences sur la santé mentale et physique des victimes. Le rapport de l’enquête montre que 96% des victimes agressées dans l’enfance ont des conséquences sur leur santé mentale: anxiété, idées suicidaires, dépression, phobies… La liste est longue. Il en va de même pour les conséquences physiques, que connaissent 69% des victimes agressées dans l’enfance: douleurs chroniques, troubles alimentaires…
Des conséquences d’autant plus graves quand l’agression était incestueuse: “plus la victime est jeune au moment des faits, plus l’agresseur est proche de la victime, plus il a d’autorité sur elle, et plus l’impact sur sa qualité de vie et le risque qu’elle tente de de suicider sont importants”, précise le rapport.
“Les déclarations de vécu de situations d’inceste progressent encore fortement, une évolution probablement due en grande partie à une libération importante de la parole”, notamment avec la vague #MeToo. Tous les scandales sexuels que l’on a connus poussent les victimes, notamment les femmes, à dire ce qui était encore indicible auparavant, en raison des ravages que peuvent provoquer ce type de révélations dans une famille”, explique Étienne Mercier, directeur du département Opinion et Santé chez Ipsos.
“Nous ne pouvons plus garder le silence”
“Nous ne pouvons plus garder le silence, ni rester inactifs”, souligne l’association Face à l’inceste dans un communiqué de presse à la veille de la journée internationale des droits de l’enfant.
“L’inceste tue, l’inceste réduit la durée de vie en moyenne de 20 ans (…) Nos enfants sont livrés à eux-mêmes face à ce crime qui les prive de l’essentiel pour grandir et se rétablir: la famille.”
“Le monstre que j’avais enfermé en moi a resurgi”, avouer et dénoncer l’agresseur, sur les réseaux sociaux #MeTooinceste.