Grèves en France: Tous contre la réforme des retraites

Grèves en France: Tous contre la réforme des retraites

Des centaines de milliers de manifestants à travers la France, une production électrique en berne, des transports très perturbés sur le réseau ferroviaire et à Paris, des écoles fermées: la France était plongée jeudi dans une journée de grève massive contre une réforme des retraites décriée, un test politique pour le président Emmanuel Macron, dans un contexte économique et social tendu.

La mobilisation contre la réforme des retraites a été très importante ce jeudi. “Plus de 2 millions” de personnes ont manifesté en France selon la CGT, 1,12 million d’après le ministère de l’Intérieur.

La mobilisation contre la réforme des retraites, jugée injuste et brutale par l’intersyndicale à l’origine d’une pétition exigeant une refonte du projet, a largement perturbé les transports, les secteurs de l’éducation et de nombreuses entreprises ce jeudi. Plus de 200 manifestations ont eu lieu dans toute la France : “Plus de deux millions” de personnes ont manifesté selon la CGT, 1,12 million d’après le ministère de l’Intérieur. Plus de 10.000 policiers et gendarmes étaient mobilisés pour le maintien de l’ordre, dont 3.500 à Paris.

“Bella Ciao” , “Motivés” et “On lâche rien” dans le top

Dans le top trois des tubes diffusés sans relâche par les camionnettes des syndicats et leur sono surpuissante, le chant de révolte italien “Bella Ciao” est en bonne position. Figure également le classique “Motivés – le chant des partisans” du collectif toulousain Motivés et le tube du groupe HK & Les Saltimbanks “On lâche rien,” lancé en octobre 2010 lors des premières manifestations contre la réforme des retraites.

Douze ans plus tard, peu de nouveautés dans les cortèges, si ce n’est le très populaire “I Will Survive” de Gloria Gaynor, revisité par les Rosie, des militantes féministes qui chantent et qui dansent en bleu de travail.

La manifestation parisienne scindée en deux

Selon la CGT, le cortège parisien a rassemblé 400.000 personnes. De son côté, le ministère de l’Intérieur a compté 80.000 personnes.

Des heurts ont éclaté entre forces de l’ordre et manifestants autour de la place de la Bastille, avec jets de projectiles et usage de gaz lacrymogènes. 38 interpellations ont eu lieu en marge de la manifestation, selon la préfecture de police de Paris qui a fait un nouveau point de situation à 18h30. La préfecture de police de Paris a également indiqué que le cortège parisien a été scindé en deux, avec un itinéraire bis mis en place avec l’accord des syndicats, en raison de la forte affluence.

Quelques heurts, tensions ou dégradations ont été signalés à Paris, Lyon (est) et Rennes (ouest). Les premiers chiffres remontés par les autorités attestaient déjà d’une importante mobilisation: au moins 30’000 personnes ont défilé à Toulouse (sud-ouest), 26’000 à Marseille (sud-est), 15’000 à Montpellier (sud-est), 14’000 à Tours (centre), 13’600 à Pau (sud-ouest), 12’000 à Perpignan (sud) et Orléans (centre)… La mobilisation «est au-delà de ce qu’on pensait», s’est félicité le numéro un du syndicat CFDT, Laurent Berger, au début de la manifestation parisienne.

Le projet et sa mesure phare, le report de l’âge de départ à 64 ans, contre 62 aujourd’hui, se heurte à un front syndical uni et une large hostilité dans l’opinion d’après les sondages.

La réforme des retraites «canalise tous les mécontentements» en France, a estimé sur la chaîne Public Sénat le secrétaire général du syndicat CGT, Philippe Martinez. Un rejet de cette réforme exprimé avec véhémence par Manon Marc, animatrice scolaire interrogée à Paris: «Je trouve qu’on se fout de notre gueule. Ils ne savent pas ce que c’est que de travailler jusqu’à 64 ans dans ces conditions-là».

La grève était très suivie dans les transports avec quasiment aucun train régional, peu de trains grande vitesse (TGV), un métro tournant au ralenti à Paris et une grande banlieue très peu desservie. L’aviation civile a demandé aux compagnies aériennes d’annuler jeudi, un vol sur cinq à l’aéroport de Paris-Orly, en raison d’une grève de contrôleurs aériens. De nombreux services publics font l’objet d’appels à la grève, en particulier l’éducation, où le principal syndicat, la FSU, dénombraient 70% d’enseignants grévistes dans les écoles et 65% dans les collèges et lycées.

Le chef de l’État s’est exprimé à propos de cette journée de mobilisation depuis Barcelone, en Espagne, où il était en déplacement pour signer un traité d’amitié et de coopération avec une dizaine de ministres. La réforme des retraites est une réforme “juste et responsable” qui sera menée avec “détermination”, a-t-il défendu. Cette réforme a été “démocratiquement présentée et validée”, a-t-il estimé.

Pour le leader de Force ouvrière, Frédéric Souillot «on est partis pour un conflit dur» et «il faut bloquer l’économie». Bien que leurs modes d’action divergent, les huit principaux syndicats présentent un front uni inédit depuis douze ans. La gauche et l’extrême droite sont également opposées à la réforme. Seule l’opposition de droite classique paraît ouverte au compromis.

La France est l’un des pays européens où l’âge légal de départ à la retraite est le plus bas, sans que les systèmes de retraite soient complètement comparables. C’est 65 ans en Allemagne, Belgique ou Espagne, 67 ans au Danemark, selon le Centre des liaisons européennes et internationales de sécurité sociale, un organisme public français.

Olivier Dussopt annonce “un dispositif” pour certains critères

Concernant la pénibilité, le ministre du Travail a indiqué au micro de RTL ce jeudi a mis en avant plusieurs points de la réforme qui devraient améliorer la prise en compte. En plus de peaufiner le Compte professionnel de prévention (C2P), “nous allons mettre en place un dispositif pour les postures pénibles, les vibrations, le port de charges lourdes”, a souligné Olivier Dussopt.

Et de préciser toutefois que les critères de pénibilité cités ne seront pas réintégrés au C2P, mais inclus dans “des accords de prévention”, financés par la branche maladies professionnelles et accidents du travail de la Sécurité sociale. Le départ anticipé sur avis médical pourra donc être facilité dans les métiers qui réunissent ces critères.

Olivier Dussopt a également confirmé que le CFA, le congé de fin d’activité pour les routiers, serait bel et bien maintenu avec la réforme du gouvernement

Les chiffres de la grève par secteur

Production électrique en baisse, expéditions de carburants suspendues, transports très perturbés sur le rail et à Paris, enseignants mobilisés : la grève contre le projet de réforme des retraites a touché de nombreux secteurs, à des degrés divers.

ÉNERGIE

D’après l’AFP, la direction d’EDF a comptabilisé 50% de grévistes sur son effectif total à la fin de cette journée de mobilisation, soit plus que la première et plus suivie des journées d’actions contre le précédent projet de réforme des retraites en 2019 (41,4%). De son côté, la CGT a avancé un taux de 57% de grévistes parmi les effectifs présents.

TRANSPORTS

Côté transports, la grève a été très suivie avec quasiment aucun train régional, peu de TGV, un métro tournant au ralenti à Paris et une grande banlieue très peu desservie. Le trafic régional a été quasiment arrêté avec 1 TER sur 10 en moyenne. Le taux de grévistes à la SNCF a été de 46,3%, dont 77,4% des conducteurs de trains de voyageurs, selon des sources syndicales. En comparaison, la première journée de mobilisation contre la réforme des retraites en 2019 avait été encore plus suivie: 55,6% de grévistes dont 85,7% de conducteurs.

ÉDUCATION

Le Snes-FSU, premier syndicat du secondaire, a fait état jeudi d’un taux de 65% des professeurs de collèges et lycées grévistes, et le Snuipp-FSU, premier syndicat du primaire, recense 70% d’enseignants grévistes. Selon le ministère, la mobilisation se traduisait par un taux d’enseignants grévistes de 42,35% en primaire, 34,66% en collèges et lycées.

AUTRES

La fonction publique d’Etat (2,5 millions d’agents) comptait 28% de grévistes, selon le ministère. Les programmes des télés et radios publiques ont été largement perturbés en raison d’appels à la grève à France Télévisions, Radio France et France Médias Monde (France 24 et RFI). C’était également le cas pour la presse quotidienne régionale : les journaux du groupe Nice-Matin ne sont ainsi pas parus ce jeudi. À La Poste, la direction a fait état de 14,64% de grévistes.

Nouvelle mobilisation en janvier

Fortes du succès de cette première mobilisation, les huit grandes centrales syndicales (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, Solidaires et FSU) ont annoncé une deuxième journée d’action, le 31 janvier. La CGT du pétrole avait déjà fait part de son intention de se remettre en grève le 26 janvier pour 48 heures, et le 6 février pour 72 heures.

Le samedi 21 janvier les jeunes vont descendre dans la rue contre la réforme des retraites où ils annoncent que la réforme se fera comme en 1968 si le président ne comprend pas, et le gouvernement démissionnera.

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