Le président français Emmanuel Macron s’est entretenu avec son homologue chinois Xi Jinping à l’Élysée lundi 6 mai, dans le cadre du soixantième anniversaire des relations diplomatiques franco-chinoises.
La guerre en Ukraine et les relations commerciales entre l’Union européenne et la Chine sont au cœur de cette rencontre trilatérale à laquelle est également conviée la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.
Une réunion à trois, Emmanuel Macron et Ursula von der Leyen ont aussi exhorté Xi Jinping à favoriser un équilibre commercial entre l’Europe et le géant asiatique. Le dirigeant chinois, qui est arrivé dimanche en France, a souligné que l’Europe était une “priorité” de la politique étrangère de Pékin et qu’il considérait les relations sino-européennes d’un point de vue stratégique et sur le long terme.
“L’avenir de notre continent dépendra très clairement aussi de notre capacité à continuer de développer de manière équilibrée les relations avec la Chine, ce qui est notre volonté”, a déclaré pour sa part Emmanuel Macron. Lors d’un point de presse consécutif à cette réunion trilatérale, Ursula von der Leyen s’est montrée plus incisive, assurant que l’Union européenne “ne reculerait devant aucune décision difficile pour défendre son marché.”
Ursula von der Leyen a souligné l’importance de la Chine aux yeux de l’UE pour répondre aux défis contemporains tels que la lutte contre le dérèglement climatique et assuré sa détermination à mettre fin à la guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine.
L’UE, a-t-elle martelé, “ne peut absorber la surproduction massive de produits manufacturés chinois qui inondent son marché”. A l’unisson, le ministre français de l’Economie, Bruno Le Maire, a appelé à des “règles équitables”. “Cette visite doit être selon moi l’occasion de bâtir un partenariat équilibré entre la France et la Chine dans le domaine économique”, a-t-il dit à l’occasion des Rencontres économiques franco-chinoises, au théâtre Marigny.
“Si nous voulons bâtir ce partenariat équilibré, il faut des règles équitables”, a-t-il souligné, rappelant que la France accusait en 2023 un déficit commercial de plus de 46 milliards d’euros avec la Chine.
Les faits ont montré à maintes reprises que tant que la Chine et l’Union européenne comprendront ensemble l’orientation générale et le ton principal du développement de leurs relations, les relations sino-européennes continueront à se développer conformément aux intérêts des deux parties et à leurs attentes. Actuellement, la Chine et l’Europe sont l’un des partenaires commerciaux les plus importants l’une de l’autre. En 2023, le commerce sino-européen a surmonté les effets négatifs tels que le ralentissement du commerce mondial et totalisé encore 783 milliards de dollars, et le stock d’investissements bilatéraux Chine-Union européenne a dépassé 250 milliards de dollars.
La Chine est disposée à travailler avec l’Union européenne pour devenir un partenaire durable en matière de coopération économique et commerciale, un partenaire prioritaire en matière de coopération scientifique et technologique et un partenaire de confiance en matière de coopération dans les chaînes de production et d’approvisionnement et l’intégration des données. La Chine et l’Union européenne peuvent obtenir des succès mutuels et parvenir à une prospérité commune. La Chine continue d’élargir son ouverture au monde extérieur et crée activement un environnement commercial de premier ordre, axé sur le marché, juridique et international. Qu’il s’agisse de grandes multinationales européennes comme BMW, Volkswagen, Stelantis, BASF ou de petites et moyennes entreprises européennes comme l’entreprise d’électroménager Cybertronics, elles saisissent activement de nouvelles opportunités de développement en renforçant la coopération avec la Chine.
Au nombre des contentieux sino-européens figure l’enquête de l’UE, appuyée par la France, sur les subventions accordées par la Chine à ses constructeurs de véhicules électriques, au grand dam de Pékin qui a riposté en janvier en ouvrant sa propre enquête sur les importations de cognac.
Devant la presse avec son homologue, Emmanuel Macron a salué “l’ouverture” de la Chine à ce sujet. Pékin n’instaurera pas de droits de douane à titre conservatoire sur ce produit dans l’immédiat, dans l’attente de la fin de l’enquête, a précisé une source diplomatique française. Les 27 pays de l’UE – en particulier la France et l’Allemagne – ne sont pas d’accord sur l’attitude à adopter à l’égard de la Chine, ce qui n’aide pas à convaincre Pékin d’évoluer.
La Chine a apporté lundi son soutien à l’idée d’une trêve olympique mondiale durant les Jeux de Paris.
“Le monde d’aujourd’hui est loin d’être tranquille. En tant que membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies et en tant que grand pays responsable, la Chine appelle avec la France à une trêve dans le monde entier à l’occasion des Jeux olympiques de Paris”, a déclaré Xi Jinping, selon une traduction officielle, lors d’une déclaration à l’Elysée.
A l’approche d’une visite en Chine du président russe Vladimir Poutine, Xi Jinping a également plaidé pour la tenue, “en temps opportun”, d’une conférence internationale “reconnue par la Russie et l’Ukraine”. La Chine, proche de Moscou, n’a pas condamné l’invasion russe en Ukraine. On nourrit l’espoir à l’Elysée que la Chine puisse “utiliser les leviers qui sont les siens pour faire évoluer la position russe”.
Après un dîner d’Etat lundi, les présidents chinois et français et leurs épouses respectives se retrouveront au col du Tourmalet, dans les Hautes-Pyrénées, fief familial cher à Emmanuel Macron. Xi Jinping, qui effectue sa première visite en Europe depuis cinq ans, quittera ensuite la France, se rendra en Serbie et en Hongrie, deux alliés de Pékin et Moscou.
Copyright © 2024