Les collectifs et associations antiracistes, syndicats et partis politiques alertent sur la déferlante antisémite et complotiste actuelle.
La pandémie du Covid donne lieu à une déferlante antisémite et complotiste. Elle prend la forme de l’assimilation de la vaccination et du pass sanitaire à la Shoah. Des étoiles jaunes sont brandies. On condamne un «pass nazitaire» et on le compare à l’inscription sinistre du portail du camp de la mort d’Auschwitz.
Tout a commencé le 7 août à Metz, une enseignante, Cassandre Fristot, candidate aux législatives en 2012 pour le RN (encore nommée FN à l’époque), est actuellement en attente de son jugement pour avoir brandi une pancarte jugée antisémite lors d’une manifestation anti-pass sanitaire. On peut y lire un “Qui?” orné de cornes de diable. Autour, les noms de membres du gouvernement et de personnalités supposés juifs. Personne ne semble s’écarter d’elle et sous l’œil du photographe, cette enseignante ne sourcille pas.
Les propos et actes antisémites ont explosé dans et hors des manifestations récentes, notamment ceux n’hésitant pas à désigner des personnalités juives comme responsables de la situation sanitaire, sous forme directe et explicite, ou par l’utilisation du terme antisémite codé «Qui ?», lequel cherche à stigmatiser les juifs et les juives, désigné·es comme responsables et bénéficiaires de la pandémie. La stèle de Simone Veil à Perros-Guirec a été souillée et profanée à plusieurs reprises.
D’où vient-il cet antisémitisme et quelles sont ses spécificités?
Michel Wieviorka, à analyser pour “Le HuffPost”; “cette expression de l’antisémitisme n’est pas celle que l’on retrouve dans le monde arabo-musulman, liée à la question israélo-palestinienne. L’antisémitisme des manifestations anti-pass sanitaire est “celui de l’extrême droite”, explique Michel Wieviorka. Un antisémitisme ancestral, ”à l’épaisseur historique énorme”, ajoute le spécialiste, que l’on retrouve régulièrement selon les contextes historiques.”
Du Moyen-Âge au Covid, les juifs sont des boucs émissaires
“La crise sanitaire -comme souvent dans l’histoire des crises- est un terreau propice à l’expression de cet antisémitisme. Pour celui qui se raconte comme l’observateur des malheurs de ce monde, “du Moyen-Âge au Covid, les juifs sont des boucs émissaires traditionnels, si je puis dire. Rappelez-vous, on les accusait d’empoisonner les puits”. Dans ces manifestations où les théories du complot embrument l’esprit de certains manifestants, cet antisémitisme archaïque resurgit,” selon Michel Wieviorka.
Les partisans de l’extrême-droite sont au premier rang de cette campagne. Il s’agit notamment de Florian Philippot, ancien porte-parole de Marine Le Pen, chef auto-proclamé de l’opposition à toute précaution face au Covid. Mais les propos et discours antisémites sont tolérés bien au-delà. Le débat légitime sur le contenu des mesures sanitaires et l’appréciation de la politique gouvernementale est détourné au profit de théories du complot totalement réactionnaires.
Face à cette situation, il est nécessaire et urgent que les antiracistes se manifestent et condamnent fermement et sans ambiguïté ces manifestations de haine et de complotisme, dont on connaît les liens profonds avec l’antisémitisme. Non, les Juifs-ves n’empoisonnent pas les puits ni ne sont les grands bénéficiaires de l’épidémie en cours. L’accusation séculaire qui les cible continue à les stigmatiser comme porteurs d’un complot mondial visant à déposséder les peuples. Il est temps de condamner fermement cette idéologie meurtrière qui a déjà conduit à de nombreux massacres. Il en va d’une nécessaire clarté politique, car le complotisme antisémite constitue un véritable poison pour le mouvement social, la gauche, l’émancipation et toute analyse critique de la société. Consentir à cette confusion, c’est ouvrir la voie à l’extrême-droite, comme l’histoire en a témoigné à de nombreuses reprises.
Nous souhaitons ainsi alerter les organisations syndicales, associatives, politiques qui se réclament du progrès social sur le fait qu’il n’est pas possible de rester passifs face à des manifestations où l’antisémitisme s’exprime de manière récurrente.
Le rassemblement étais soutenu par ( premiers signataires) Memorial 98, l’Union Syndicale Solidaires, la FSU, le Collectif Cases rebelles, la Jeune Garde, l’UCL, l’Union des Juifs pour la résistance et l’entraide ( UJRE) la LDH, Attac-France, la Fondation Copernic, la Fédération Anarchiste, etc.