Dimanche 25 avril, une marche ” PMA pour toutes” s’est déroulée du Châtelet à la République. On célébrait la veille la “Journée de la visibilité lesbienne”.
Il s’agissait pour la première fois d’une marche pour la visibilité lesbienne. Le mot d’ordre était “Lutter contre l’invisibilité des homosexuelles et demander l’accès pour toutes à la procréation médicalement assistée (PMA)”. Toutefois, dans les années 1970, le groupe des “lesbiennes radicales de Jussieu” avait lancé l’idée. Aux États-Unis, la première marche lesbienne documentée date de 1981
Manifestation parisienne
A Paris, la coordination “Collages lesbiens” était à l’initiative de l’événement. Le nombre des participantes a de loin dépassé les 500 personnes espérées. Un groupe de lesbiennes en non-mixité était à la tête du cortège. Toutes les personnes qui souhaitaient apporter leur soutien suivaient dont des cortèges de lesbiennes racisées et trans, pour allier les luttes contre le racisme, la transphobie et la lesbophobie.
A Lyon, Marseille, Bordeaux ou Toulouse, d’autres cortèges ont complété la Marche parisienne.
Le cortège, parti à 14h dans une ambiance festive, réunissait 10 000 personnes (4 400 pour la Préfecture). Il accueillait des personnalités dont la réalisatrice Céline Sciamma, l’actrice Adèle Haenel et l’élue écologiste parisienne et activiste lesbienne Alice Coffin. Pour cette dernière, l’événement une ” traduction en manifestation” d’une montée en puissance du mouvement lesbien ces dernières années.
Les participantes réclamaient l’accès gratuit à la PMA pour toutes. En effet, le Sénat a rejeté en février, l’extension de la PMA aux femmes seules et aux couples de femmes.
La foule a repris en choeur des slogans tout au long de la marche. On a entendu:
- “La PMA gratuite, pour toutes, ça ne se négocie pas”.
- ” Macron hypocrite, les lesbiennes vont en Belgique !”
- “Ça ne se négocie pas la PMA, gratuite, maintenant.”
Sur les pancartes, mêlées aux drapeaux arc-en-ciel, on pouvait lire:
- ” Lesbiennes musulmanes et fières”.
- ” Le féminisme, c’est la théorie, le lesbianisme, c’est la pratique”.
- “Lesbiennes contre la transphobie”.
- “PMA: Mon corps, Mon choix, Ma famille”.
- “J’ai pas choisi, mais Dieu, Merci!”
Examen de la loi
Les militantes ont dénoncé une loi au rabais et la parole lesbienne totalement absente des débats autour de la loi bio-éthique.
Emmanuel Macron avait promis l’ouverture de la PMA à toutes les femmes, dans le projet de loi bioéthique. Cela a été repoussé à plusieurs reprises. De plus, la crise sanitaire a bouleversé l’agenda parlementaire de 2020 et a figé l’examen de la loi parlementaire.
L’Assemblée Nationale avait voté cette mesure phare du projet de loi en deuxième lecture à l’Assemblée nationale en juillet 2020. Mais en février, le Sénat avait adopté le texte sans l’ouverture de la PMA aux couples de femmes et aux femmes célibataires. Suite à ce rejet, les militantes ont occupé le parvis de l’Assemblée. Pour l’instant, il n’y a pas aucune date officiellement fixée pour le troisième passage du texte devant le Palais Bourbon.
Les revendications
La coordination des Collages Lesbiens fait partie du mouvement des “colleurs (euses)”. Elle date de la fin 2020 et sont aujourd’hui plusieurs centaines à coller des messages sur les murs. Les membres se réapproprient un discours public réservé, tout comme les hommes, les hétérosexuels, les blancs. Un moyen pour les lesbiennes, de ne plus être invisibles Elles reprennent l’espace de parole et de l’envahissent de fierté lesbienne.
Cette année, la principale revendication est l’accès à la PMA pour les couples lesbiens, tout comme les couples hétérosexuels. Cela s’applique à l’anonymat, la gratuité et le remboursement mais aussi à la possibilité de donner ses ovocytes à sa compagne grâce à la méthode ROPA (le partage du parcours de Fécondation In Vitro entre les deux mères).
Depuis 2012 et jusqu’à aujourd’hui, les gouvernements ont proposé et repoussé la PMA pour tous. Cela démontre un certain déni des besoins des lesbiennes. La quasi-absence des débats politiques et médiatiques qui les concernent et concernent leurs familles , en est la preuve.
Aujourd’hui, la France autorise seulement 2 techniques pour la PMA: la fécondation in vitro (FIV) et l’insémination artificielle, mais seulement pour les couples hétéros. Après le refus du Sénat en second passage, une commission mixte paritaire, composée de députés et sénateurs, pourrait trouver un compromis. Selon les calculs de l’APGL (Association des parents et futurs parents gays et lesbiens) les inséminations ne pourraient commencer en France qu’en 2022, entre les navettes parlementaires et les listes d’attente pour les PMA. Dans le cas contraire, cette réforme ne pourrait être promulguée qu’à la fin du quinquennat puisqu’il faudrait encore une lecture dans chaque chambre et une lecture définitive à l’Assemblée.