Lors de la messe de la nuit de Noël, célébrée ce dimanche 24 décembre à Saint-Pierre de Rome, le pape François est entré en fauteuil roulant.
Un signe de faiblesse physique auquel le pape consent depuis l’utilisation de son fauteuil roulant, et un signe d’humilité qui contraste avec l’image de puissance associée au pape.
C’est à ce type de contraste que le pape François a d’ailleurs lui-même invité à réfléchir, ce soir de Noël, lors de la messe de minuit célébrée dans la basilique Saint-Pierre, et illuminée à l’instant même où un chanteur avait annoncé, selon la tradition, la naissance du Christ.
Dans son homélie prononcée devant 6 500 fidèles réunis en la basilique Saint-Pierre et 6 000 place Saint-Pierre, le Pape a rappelé combien Jésus n’est pas un Dieu de la performance ni du pouvoir illimité, mais qui s’immerge dans nos limites et fragilités. «Notre cœur, ce soir, est à Bethléem, où le Prince de la paix est encore rejeté par la logique perdante de la guerre, avec le fracas des armes qui, aujourd’hui encore, l’empêche de trouver une place dans le monde», a affirmé le pape François.
Le pape François a invité les fidèles à adorer un Dieu qui « habite nos injustices », contrairement à l’image d’un Dieu « rigide et puissant ». « Notre cœur, ce soir, est à Bethléem », a-t-il également affirmé, dans une claire allusion à la guerre entre Israël et le Hamas.
“Dieu n’utilise pas de baguette magique, Il n’est pas le dieu commercial du “tout et tout de suite”… il est là, dit le pape François, la fausse image d’un dieu détaché et susceptible, qui se comporte bien avec les bons et se fâche avec les mauvais; «un dieu fait à notre image, utile seulement pour résoudre nos problèmes et supprimer nos maux». Au contraire, «Il n’utilise pas de baguette magique, Il n’est pas le dieu commercial du “tout et tout de suite”; il ne nous sauve pas en appuyant sur un bouton, mais se faisant proche pour changer la réalité de l’intérieur», a ajouté le Souverain pontife, déplorant cette idée mondaine d’un dieu distant et contrôleur, rigide et puissant, qui aide les siens à l’emporter sur les autres comme beaucoup le croient.
Le Pape d’exhorter à se tourner vers le «Dieu vivant et vrai», qui est au-delà de tout calcul humain et qui pourtant se laisse recenser par nos comptages; vers Lui qui révolutionne l’histoire en l’habitant; vers Lui qui nous respecte jusqu’à nous permettre de le rejeter. «Il désire tellement embrasser nos existences que, infini, il devient pour nous fini; grand, il devient petit; juste, il habite nos injustices», a relevé le pape François. Telle est selon lui la merveille de Noël: «Non pas un mélange d’affections sentimentales et de conforts mondains, mais la tendresse sans précédent de Dieu qui sauve le monde en s’incarnant. Regardons l’Enfant, regardons sa mangeoire, regardons la crèche, que les anges appellent ‘’le signe’’».
«Pour Dieu qui a changé l’histoire lors du recensement, tu n’es pas un numéro, mais un visage; ton nom est inscrit dans son cœur», a souligné le pape François, s’adressant au creux du cœur de chacun: «En regardant ton cœur, tes performances qui ne sont pas à la hauteur, le monde qui juge et ne pardonne pas, peut-être vis-tu mal ce Noël, en pensant que tu ne fais pas bien, en nourrissant un sentiment d’inadéquation et d’insatisfaction à cause de tes fragilités, de tes chutes et de tes problèmes».
Une réponse à cela réside dans l’adoration, à l’image de Marie, Joseph, des bergers, puis des mages. «L’adoration est le moyen d’accueillir l’incarnation». «Redécouvrons l’adoration, car adorer ce n’est pas perdre son temps, mais permettre à Dieu d’habiter notre temps. C’est faire fleurir en nous la semence de l’incarnation, c’est collaborer à l’œuvre du Seigneur qui change le monde comme un levain. C’est intercéder, réparer, permettre à Dieu de redresser l’histoire.»
Le Pape conclut en citant le grand auteur chrétien Tolkien : « Je t’offre la seule grande chose à aimer sur terre : le Saint Sacrement. Tu y trouveras le charme, la gloire, l’honneur, la fidélité et le vrai chemin de toutes tes amours sur terre» (J.R.R. Tolkien, Lettre n. 43, mars 1941).
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