Emmanuel Macron, a dit, lundi, qu’il espérait amorcer une «désescalade» dans la crise russo-occidentale autour de l’Ukraine, au début de sa rencontre au Kremlin avec son homologue russe Vladimir Poutine. «La discussion peut amorcer ce vers quoi nous devons aller, ce qui est une désescalade», a déclaré Emmanuel Macron, ajoutant vouloir «commencer à bâtir une réponse utile collectivement, pour la Russie et pour tout le reste de l’Europe».
Le président français Emmanuel Macron, a déclaré avoir proposé lundi à Vladimir Poutine de “bâtir des garanties concrètes de sécurité” pour tous les Etats impliqués dans la crise ukrainienne, à l’issue d’un tête-à-tête de cinq heures à Moscou avec Vladimir Poutine.
“Le président Poutine m’a assuré de sa disponibilité à s’engager dans cette logique et de sa volonté de maintenir la stabilité et l’intégrité territoriale de l’Ukraine”, a ajouté le président français au cours d’une conférence de presse commune, évoquant des “termes de convergence” entre la Russie et la France, sans les détailler.
“Ce dialogue est nécessaire car c’est la seule chose qui, me semble-t-il, assurera une stabilité et une sécurité réelles au continent européen. Donc, dans le contexte actuel, nous avons eu plusieurs conversations téléphoniques ces dernières semaines, vous me l’avez rappelé. Et, malgré la crise, j’ai également pu échanger avec le président Zelensky sur l’Ukraine, ainsi que me coordonner avec de nombreux Européens et alliés, dont des Britanniques, des Américains et des Canadiens.”
“Je pense que la conversation d’aujourd’hui peut nous ouvrir la voie à suivre, c’est-à-dire la désescalade. Et nous connaissons la situation, la situation militaro-politique, nous connaissons la question ukrainienne – vous nous avez rappelé à quel point elle est importante – le format Normandie, les questions de sécurité en Biélorussie et dans toute la région, et les questions importantes de sécurité collective, dont nous parlerons sur.”
“Par conséquent, je suis heureux qu’il y ait une opportunité de discuter de tous les sujets en profondeur, et nous pouvons collectivement commencer à développer une réponse pratique pour la Russie et pour toute l’Europe. Une réponse utile et pratique est celle qui évite la guerre, bien sûr, et renforce la stabilité, la transparence et la confiance pour tous.”
De son côté, Vladimir Poutine a estimé lundi que certaines des idées de son homologue français Emmanuel Macron pour désamorcer la crise russo-occidentale sur l’Ukraine peuvent permettre d’avancer, à l’issue de plus de cinq heures d’entretien à Moscou. “Certaines de ses idées, de ses propositions (…) sont possibles pour jeter les bases d’avancées communes”, a dit M. Poutine, au cours d’une conférence de presse commune, tout en jugeant prématuré de les exposer publiquement.
Vladimir Poutine a également dénoncé l’aide militaire occidentale envers l’Ukraine qu’il accuse d’être la seule responsable de l’impasse dans laquelle se trouvent les pourparlers de paix. «Kiev rejette toujours toutes les opportunités d’un rétablissement pacifique de son intégrité territoriale», a-t-il déclaré.
Le président russe a aussi balayé les accusations selon lesquelles la Russie se comportait de manière belliqueuse en organisant des manœuvres militaires sur son territoire à la frontière avec l’Ukraine. «Dire que la Russie se comporte de manière agressive est illogique», a-t-il affirmé avant d’expliquer : «Ce n’est pas nous qui nous nous dirigeons vers les frontières de l’OTAN.»
Invité sur RTL, Alexandre Orlov, l’ancien ambassadeur de Russie en France, se dit “convaincu” qu’une guerre n’éclatera pas à la frontière ukrainienne.
“On reçoit Emmanuel Macron en tant que président de l’Union Européenne mais surtout en tant que président de la République française, qui est un pays garant des accords de Minsk”, poursuit le diplomate. “L’Europe est aujourd’hui la seule qui peut jouer ce rôle de médiateur et Emmanuel Macron, qui est un leader incontestable de l’Europe, a joué ce rôle”.
La visite d’Emmanuel Macron à Moscou intervient en pleine flambée de tensions entre les Occidentaux et la Russie, accusée d’avoir massé des dizaines de milliers de soldats à la frontière ukrainienne en vue d’une invasion.
Le président français est le premier dirigeant occidental de premier plan à rencontrer le président russe depuis l’accroissement des tensions, en décembre. Ce mardi, il se rendra en Ukraine pour s’y entretenir avec le président Volodymyr Zelensky.