L’académicienne, femme politique et historienne spécialiste de la Russie tsariste et soviétique, Hélène Carrère d’Encausse est décédée le 5 août 2023 à l’âge de 94 ans. à Paris.
Qui était Hélène Carrère d’Encausse?
Hélène Carrère née Zourabichvili a vu le jour le 6 juillet 1929 à Paris. Son père, d’origine russe, le philosophe et économiste Georges Zourabichvili avait quitté la Géorgie pour venir en France, sa mère Nathalie von Pelken, était d’origine germano-russe. Elle a un frère Nicolas. Par ailleurs, sa cousine Salomé Zourabichvili a été la 5ème présidente de la Géorgie.
En 1944, après l’assassinat de son père, elle a quitté Bordeaux pour Paris avec sa mère. Les 2 femmes ont d’abord logé rue Daru, à la cathédrale St Alexandre Nevsky. Elle a fait ses classes au lycée Molière à Paris. En 1950, elle devient française et épouse 2 ans plus tard Louis d’Encausse avec lequel elle a eu 3 enfants:, Emmanuel (1957), Nathalie (1959) et Marina (1961).
Etudes
Diplômée de l’Institut d’études politiques de Paris (section service public) en 1952, docteur en 1963, elle est devenue professeur d’histoire à l’université Paris- I puis à l’IEP de Paris en 1969. Elle sera également directrice d’études la Fondation nationale des sciences politiques (FNSP) et administratrice de l’Eastwest Institute, professeure invitée dans plusieurs établissements nord-américains et japonais. Elle était docteur honoris causa de l’université de Montréal et de l’université catholique de Louvain.
Devenue docteur d’Etat ès lettres en 1976, elle a annoncé “la fin de l’URSS” dans son livre “l’Empire éclaté”, en 1978, ce qui se révélera en partie faux.
Politique
1984-1989: Présidente du conseil d’administration de Radio Sorbonne
1987-1988: Membre de la Commission de la nationalité
1988: Membre du Comité de soutien à la candidature aux présidentielles de Raymond Barre
25/08/1992: Présidente du Comité national pour le “Oui à Maastricht” créé par Jack Lang. Elle se revendique pour la mouvance libérale.
1992: Création de la Fondation pour l’intégration républicaine avec Kofi Yamgname et Claude Sérillon. Elle occupe le poste de conseillère auprès de Jacques Attali, président de la BERD, participant à l’élaboration d’une politique d’assistance à la transition économique dans les anciens états communistes.
1993: Nommée vice-présidente des archives diplomatiques en août, elle a présidé la commission es sciences de l’homme au Centre national du livre (CNL) jusqu’en 1996.
26/04/1994: Candidate aux élections européennes sur la liste UDF-RPR, sur les instances de Jacques Chirac. Elue députée européenne, elle est devenue vice-présidente de la commission des Affaires étrangères de la Sécurité et de la Politique de défense jusqu’en juillet 1999.
1996: On a pensé à elle pour succéder à Jean Favier en tant que président de la Bibliothèque nationale de France mais Pierre-Jean Rémy lui est préféré.
1996-1997: Membre du Comité pour la commémoration des origines: de la Gaule la France.
1998: Nomination au Conseil national du développement des sciences humaines et sociales
2004: Présidente du conseil scientifique de l’Observatoire de statistiques de l’immigration et de l’intégration. Membre du comité de parrainage du Collège des Bernardins.
2005: Déclaration polémique sur la chaîne russe NTV, au sujet de la crise des banlieues en novembre.
2017: Intégration du comité d’éthique de la chaîne russe RT, requis par le CSA dans la perspective de ses activités en France. Elle décidera de le quitter.
2022: Avant l’invasion de l’Ukraine par la Russie, qu’elle pensait impossible, elle était proche de la Russie et de son président mais elle s’éloigna suite à la déclaration de guerre en février.
Académie française
Sollicitée par Henri Troyat,elle a été élue le 13 décembre 1990, au 14ème fauteuil de l’Académie française à la place de Jean Mistler par 23 voix contre 9 à André Sernin.; accueillie sous la Coupole par Michel Déon le 2 novembre 1991, elle était opposée à la féminisation des titres et fonctions pour les femmes dans la langue française et encourageait peu les candidatures féminines à l’Académie. En 2017, seuls 4 fauteuils étaient occupés par des femmes.
Devenue secrétaire perpétuel de l’Académie le 21 octobre 1999, avec 26 suffrages sur 31 en remplacement de Maurice Druon, démissionnaire, elle sera la première femme à accéder à ce poste. Le 1er septembre 2021, à la suite du décès de Jean-Denis Bredin, elle est devenue la doyenne (plus anciennement élue) de l’Académie française et deviendra la doyenne d’âge après la mort de René Obaldia le 27 janvier 2022.
Par ailleurs, elle était membre associé de l’Académie royale de Belgique, membre étranger de l’Académie des sciences de Russie, de l’Académie de Roumanie et de l’Académie d’Athènes. Elle était également membre d’honneur de l’Académie des beaux-arts de Russie et de l’Académie des sciences de Géorgie.
Ses écrits
Hélène Carrère d’Encausse fut la biographe de Catherine II, Alexandre II, Lénine ou encore Staline.
On compte parmi ses écrits:
1978: L’Empire éclaté
1983: Le Grand frère
1986: Ni paix, ni guerre
1987: Le Grand défi
1988: Le Malheur russe
1991: La Gloire des nations ou l’Empire soviétique
2005: Russie, la transition manquée
2017: Le Général de Gaulle et la Russie
Décorations
Grand-croix de la Légion d’honneur (30 décembre 2011)
Officier de l’ordre national du Mérite
Commandeur de l’ordre des Palmes académiques
Commandeur de l’ordre des Arts et des Lettres (17 février 1996)
Commandeur de l’ordre de Léopold (Belgique)
Commandeur de l’ordre national de la Croix du Sud (Brésil)
Médaille de l’ordre de l’Honneur (Russie), 16 octobre 2009
Commandeur avec étoile de l’ordre du Mérite (Pologne), 11 novembre 2011
Commandeur de l’ordre du Mérite culturel (Monaco) (1999).
Prix
Prix Aujourd’hui 1978 pour L’Empire éclaté
Prix Louise-Weiss 1987
Prix Comenius 1992 pour l’ensemble de son œuvre
Prix de La-Paulée-de-Meursault 1995 pour l’ensemble de son œuvre.
Prix des Ambassadeurs 1997 pour Nicolas II
Prix du Nouveau-Cercle-Interallié 2000 pour La Russie inachevée.
Médaille Lomonossov (2008)
Grande médaille d’or de la Société d’encouragement au progrès (2020)
Prix Princesse des Asturies (2023) pour les sciences sociales
Hommages
A l’annonce du décès de l’historienne, le Président de la République lui a rendu hommage ainsi que les anciens ministres de la culture Roselyne Bachelot, Jack Lang et Frédéric Mitterrand ou encore l’académicien Jean-Christophe Ruffin.
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