Onze jours après sa nomination, les choses sérieuses commencent pour le gouvernement de François Bayrou, qui n’est pas certain de durer plus longtemps que celui de Michel Barnier.
Les 35 ministres du gouvernement Bayrou se sont réunis pour la première fois en Conseil des ministres, ce vendredi à 10 h. Au menu de cette réunion, en présence du Président de la République, il n’y aura finalement pas de projet de loi « d’urgence » pour Mayotte. Il sera présenté la semaine prochaine. L’ordre du jour risque donc d’être léger à la table de l’Élysée.
Comme chaque nouvelle année, les membres du gouvernement se rendront d’abord place Beauvau, au ministère de l’Intérieur, pour le traditionnel petit-déjeuner de rentrée. Puis ils iront présenter, à pied, leurs vœux à l’Elysée à 10 heures.
Ce rendez-vous permettra d’appréhender les grandes lignes de la déclaration de politique générale que François Bayrou prononcera devant le Parlement le 14 janvier. Ce sont aussi les retrouvailles entre Emmanuel Macron et son allié du MoDem, duo qui a connu de vives tensions lorsque le Président a hésité à le nommer à Matignon. Leur relation de travail devrait être scrutée de près.
« Réconciliation, action, stabilité » sont les trois vœux formulés par François Bayrou, qui souhaiterait davantage durer à son poste que Michel Barnier, resté seulement trois mois. Il est toutefois, comme lui, privé de majorité à l’Assemblée nationale et les équilibres politiques de son gouvernement de centre droit ressemblent beaucoup à ceux de l’équipe précédente.
Une lacune qu’il espère compenser par la présence de poids lourds politiques, comme les ex-Premiers ministres Elisabeth Borne (Education) et Manuel Valls (Outre-mer), et des ministres qui ont, dixit une source gouvernementale, “une histoire” avec la gauche, tels Eric Lombard (Economie) ou François Rebsamen (Aménagement du territoire).
Resté en retrait sous le court bail de Michel Barnier, un opposant de droite, le président a semblé mettre davantage son grain de sel dans le travail du gouvernement, lors de ses vœux aux Français. Le nouveau gouvernement “doit pouvoir tenir un chemin de compromis pour agir”, il faut que la France “continue d’être attractive”, “travaille et innove plus”, “continue de créer des emplois” et “assure sa croissance en tenant ses finances”, a-t-il exhorté.
Matignon se défend de toute inimitié avec l’Elysée. François Bayrou, “ce n’est pas l’homme de petites piques” contre le président, soutient son entourage. “Michel Barnier était, lui, dans le bras de fer”, ajoute une source gouvernementale. Le maire de Pau y voit une relation de “coresponsabilité”. Le président s’est abstenu pour l’heure de la qualifier.
Le gouvernement de François Bayrou vise-t-il bien un déficit public de 5,4 % du PIB en 2025, supérieur aux 5 % ambitionnés par le gouvernement précédent ? C’est ce qu’affirmait le journal Le Monde qui s’appuie sur des « sources concordantes ».
« Je ne vais pas répondre à cette question », botte en touche la porte-parole, évoquant des « négociations » à venir. Mais « l’objectif reste de réduire la dette ».
« Tout le chemin que nous essayons de trouver, c’est d’engager avec chacun des groupes politiques des discussions », affirme Sophie Primas. « Cela fait un an que nous sommes dans une situation instable, que nous repoussons des réformes… », déplore-t-elle.
Comme l’indique Sophie Primas, Emmanuel Macron a appelé son nouveau gouvernement « à l’audace ». « Le président de la République a engagé à l’unité. Il a également insisté sur le fait que nous devions faire preuve d’audace, et sortir des chemins habituels. Il a beaucoup insisté sur le fait que rien ne serait simple », rapporte-t-elle.
« Je vous demanderai de trancher », a évoqué Emmanuel Macron lors de ses vœux. Sophie Primas est interrogée sur la forme de cette consultation. « La consultation des Français peut prendre des formes très différentes », répond-elle. Nous n’en saurons donc pas plus aujourd’hui, d’autant qu’Emmanuel Macron « n’en a pas parlé au Conseil des ministres ».
Le rendez-vous permettra d’appréhender les grandes lignes de la déclaration de politique générale que François Bayrou prononcera devant le Parlement le 14 janvier. Pour préparer ce discours en même temps que le budget, les ministres de l’Economie et du Budget ont commencé à entendre les groupes politiques. Concernant le budget de la Sécurité sociale, Catherine Vautrin (Travail, Santé, Solidarités et Famille) a fait savoir ce vendredi matin qu’elle rencontrerait avec Amélie de Montchalin (Comptes publics) l’ensemble des groupes parlementaires de l’Assemblée et du Sénat en vue de bâtir un projet. “Nous avons besoin d’un texte qui nous autorise à aller plus loin”, que la simple “reconduction” du budget de l’année précédente, a-t-elle insisté sur RTL, en amont du Conseil des ministres. “Si on n’a pas de budget, on ne va pas pouvoir s’occuper des habitants (des) quartiers”, a pour sa part souligné la nouvelle ministre de la Ville, Juliette Méadel, sur TF1.
Outre le manque de soutiens à l’Assemblée, le nouveau Premier ministre entame son bail avec une cote de popularité historiquement basse, selon le baromètre Ifop-Journal du Dimanche publié le 22 décembre. Son arrivée à Matignon a été marquée par une vive polémique quand il s’est rendu à Pau pour participer au conseil municipal de sa ville au lieu de participer à une réunion de crise sur Mayotte, dévasté par un ouragan le lendemain de sa nomination.
Le menu risque d’être léger à la table de l’Elysée vendredi, où un conseil de défense et sécurité nationale se tiendra également dans la matinée. « C’est l’installation, le moment sera surtout politique » résume une source ministérielle, qui juge « rare » qu’un gouvernement se demande, dès sa première réunion, « s’il va durer ». Le rendez-vous permettra d’appréhender les grandes lignes de la déclaration de politique générale que François Bayrou prononcera devant le Parlement le 14 janvier. Une nouvelle porte-parole du gouvernement, l’ex-sénatrice Les Républicains Sophie Primas, fera le compte rendu de ces réunions.
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