L’actrice s’adresse au public : “Bonsoir et bienvenue”.
Elle allume un gros projecteur qui éclaire violemment l’acteur, torse nu, poings liés, crucifié à un petit théâtre mobile aux rideaux ouverts.
“Je souffre mais je rêve, c’est pour ça que je vis”, dit l’acteur.
“Et je cherche qui je suis”.
Ainsi commence cette fresque tragi-comique qui fait un parallèle entre “Hamlet”, la tragédie de Shakespeare, et les évocations autobiographiques de l’acteur, comédien non-voyant d’une présence et d’une énergie phénoménales.
D’emblée, on est captivé, emporté. Gianfranco Berardi se donne totalement, comme possédé, halluciné. “Jouer avec ses tripes” prend ici tout son sens.
Le théâtre pour lui, c’est une passion, amour et souffrance, telle la passion du Christ.
Va-t-il mourir sur la croix pour sauver l’humanité ?
Une humanité en proie à des dérives inquiétantes, évoluant vers la société du paraître.
“Etre ou paraître”, question cruciale, une tragédie contemporaine.
Facebook, Instagram, X, Tik Tok, tous ces réseaux sociaux ont envahi notre univers mental avec l’omniprésence du selfie … L’illusion des likes, des “amis”, de la beauté photoshop, des images de rêve gastronomique et touristique … toujours beaux, séduisants, jeunes, heureux, dynamiques … être enviés, être aimés …
Et tout à coup, on est seuls, la tristesse monte …
Un spectacle profondément émouvant, une scène particulièrement poignante, empreinte d’une grande tendresse, lorsque l’actrice et l’acteur, en couple à la ville, sont dans les bras l’un de l’autre, récitant ensemble le texte, perclus de solitude.
“Préserver nos rêves, ceux qui nous font sentir vivants, ceux qui donnent encore aujourd’hui un sens à ce voyage qui est le nôtre. Souviens-t-en … toujours … mon amour”.
Les derniers mots d’un texte dense et puissant écrit par Gabriella Casolari.
Jusqu’au 21 juillet 2024 à 17h40 au Théâtre de l’Atelier Florentin à Avignon
Relâche le 15 juillet
Interprètes : Gabriella Casolari et Gianfranco Berardi