Les policiers ont démantelé ce mardi 28 novembre un réseau de la fédération de yoga Atman et placé en garde à vue 41 personnes, dont son chef spirituel, Gregorian Bivolaru, suspecté de «traite de personnes», «séquestration en bande organisée», «viol» et «abus de faiblesse en bande organisée par des membres d’une secte».
175 policiers ont été mobilisés pour cette opération d’ampleur, coordonnée par l’OCRVP (Office central pour la répression des violences aux personnes). Lors des arrestations, 26 femmes, dont plusieurs étaient sous emprise, ont été libérées, a précisé une source proche de l’enquête.
Des dizaines de femmes séquestrées
Les premiers signalements significatifs de ces crimes supposés ont été effectués en juillet 2022 par douze anciennes adeptes auprès de la Miviludes, l’organisme public chargé des dérives sectaires. L’enquête a ensuite été menée par l’OCRVP, l’Office central pour la répression des violences aux personnes, via notamment sa Cellule d’assistance et d’intervention en matière de dérives sectaires (Caimades), spécialisée dans l’emprise mentale des victimes. Et une information judiciaire a donc été ouverte par le parquet de Paris le 10 juillet 2023, en se basant, entre autres, sur les plaintes de trois personnes. Selon les témoignages de trois anciennes victimes de Gregorian Bivolaru, recueillies ces dernières semaines par RFI, une dizaine de femmes étaient régulièrement séquestrées en même temps, pendant des jours, dans plusieurs logements de la région parisienne, afin de rassasier les appétits sexuels de ce gourou roumain. Au moment de l’interpellation, selon nos informations, 26 femmes se trouvaient sur place dans des conditions d’exiguïté et d’hygiène déplorables.
Selon nos informations, confirmées à Libération et à RFI par le parquet de Paris, Gregorian Bivolaru a été arrêté lors d’une opération de grande ampleur contre son réseau. 175 policiers sont intervenus de manière simultanée à Paris, en Seine-et-Marne, en Val-de-Marne et dans les Alpes-Maritimes. Au total, 41 personnes ont été interpellées.
Le mouvement Misa, devenu Atman
En juillet 2022, la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) avait adressé un signalement au procureur de la République après avoir été informée par la Ligue des droits de l’Homme de 12 signalements d’anciens membres du mouvement Misa, a précisé une source judiciaire.
Mais l’histoire commence avec la chute de Ceausescu en 1990, Gregorian Bivolaru, a fondé l’association originelle de cette fédération en Roumanie, le Mouvement pour l’intégration spirituelle dans l’absolu, ou Misa. Un culte de la personnalité de ce « gourou » s’instaure ensuite dans Misa, comprenant des orgies en son honneur. En parallèle, les autorités roumaines accusent Gregorian Bivolaru de traite humaine, pédophilie (viols et abus sexuels sur mineurs) et d’évasion fiscale, ce qui le pousse à l’exil. Il obtient l’asile politique en Suède en 2005, ainsi qu’une nouvelle identité, sous le patronyme de Magnus Aurolsson. Deux députés danois du Parlement européen ont défendu Gregorian Bivolaru devant les instances européennes, affirmant que ces poursuites étaient politiques et que le système judiciaire roumain n’était pas indépendant. Ulla Sandbaek, députée européenne jusqu’en 2004 et au Parlement danois jusqu’en 2019, a été une adepte régulière dans la branche danoise de la fédération, Natha. Dans un entretien diffusé il y a une dizaine d’années par une chaîne de Misa, elle soutenait que Gregorian Bivolaru était « un homme de dieu qui travaille pour le bénéfice de l’humanité ». Ulla Sandbaek aurait-il pu être un membre du gourou, qu’aurait-il bénéficié du favoritisme sexuel et même de l’argent ? Sachant qu’aujourd’hui il refuse de donner des informations et de faire des commentaires.
La fédération Atman, a été exclus dès 2008 des fédérations internationales et européennes de yoga pour ces activités « pornographiques ». Elle, affirme que les services secrets roumains auraient torturé des adeptes pour témoigner contre leur fondateur, et réfute toutes les accusations. Gregorian Bivolaru a toutefois été condamné à six ans de prison en Roumanie pour viol sur mineure, et extradé depuis la France en 2016. Il n’a passé qu’une année en détention, avant de repartir en Scandinavie où de nouvelles poursuites ont été engagées contre lui. Six adeptes finlandaises ont déposé plainte contre Gregorian Bivolaru et Helsinki a lancé en 2017 un mandat de recherche international par Interpol. Depuis lors, Gregorian Bivolaru continuait à abreuver ses adeptes de prêches tantriques, reclus depuis Paris ou la région parisienne.
Son organisation tentaculaire aurait plusieurs moyens de financement : selon des témoignages d’anciennes adeptes, des membres des associations d’Atman étaient poussées à travailler gratuitement dans des « strip club », des salons de massages, ou à faire des films pornographiques commerciaux en Roumanie, en Hongrie et en République Tchèque – de multiples formes de prostitution qui permettraient au mouvement de se financer.
De nombreuses femmes de différentes nationalités déclaraient avoir été victimes des agissements de l’organisation MISA et de son leader Gregorian Bivolaru. Une information judiciaire avait été ouverte par le parquet de Paris le 10 juillet 2023 pour “abus de faiblesse en bande organisée par membre d’une secte”, “séquestration en bande organisée”, “viols” et “traite des êtres humains en bande organisée”.
Gregorian Bivolaru, un Roumain de 71 ans, a été arrêté dans une résidence d’Ivry-sur-Seine, dans le Val-de-Marne où, selon les témoignages de victimes, il aurait fait venir ses fidèles pour des « initiations sexuelles » de yoga tantrique.
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