En ce moment, à Paris, plus un chat dans les rues passé le couvre-feu … hormis(aou !) ceux de Geluck.
A deux pattes de l’Elysée, sur les Chats .. pardon, sur les Champs, entre la Place de la Concorde et le Théâtre Marigny, l’artiste belge Philippe Geluck expose à ciel ouvert son Chat.
20 sculptures monumentales en bronze de près de 3m de hauteur mettant en scène le célèbre félin dans “différentes scènes humoristico-poético-surréalistes”, précise le sculpteur.
“À travers ces vingt pièces, j’espère apporter au public de la joie, du rire et une certaine poésie surréaliste que nous affectionnons en Belgique”, confie Philippe Geluck
On découvre qu’il fait des sculptures depuis 25 ans : “J’ai mis en volume le Chat en 1988 pour la première fois, dans de la terre glaise. Cette terre est ensuite moulée, on en fait une cire puis un bronze.”
Ces oeuvres géantes ont été fabriquées en Belgique par des artistes et des artisans belges.
Le Chat est croqué dans des mises en scène dignes de Geluck …
Le Chat en tutu de danse (“Tutu et Grominet”), Le Chat fakir, le tape-cul avec une petite souris … des fontaines également, “Le Charmeur d’eau”, “Pipi et Grobidet”.
D’autres sont plus engagées …
Le Chat écrabouillant une vraie voiture (“pour une fois, c’est une voiture qui s’est fait écraser par un chat”), Le Chat portant, comme Atlas, la sphère céleste, mais bourrée de bouteilles en plastique (“On en a plein le dos”), “Le Martyr du Chat”, inspirée du martyr de St Sébastien, hommage aux dessinateurs assassinés de Charlie Hebdo ainsi qu’à tous les caricaturistes du monde.
Comme les musées et les galeries d’art sont fermées à cause de la pandémie, cette exposition en plein air est la seule à voir à Paris en ce moment. Elle a bénéficié d’un grand retentissement médiatique et d’une fréquentation importante.
“Enfin un peu de culture ! ça fait tellement de bien de goûter à la légèreté de Geluck, c’est une bouffée d’oxygène”, s’est émerveillée une passante.
Une légèreté qui a tout de même nécessité 20 tonnes de bronze puisque chaque statue pèse entre 800 et 1200 kilos.
“Le Chat a toujours beaucoup de légèreté dans ses propos, mais là, c’est du lourd”, a plaisanté Geluck.
Cependant, la polémique n’a pas tardé.
Pour certains, les œuvres de Geluck sont “un sommet de mauvais goût, des sculptures de grandes surfaces. “
Ils regrettent l’époque où Paris exposait les statues monumentales de Botero et d’Ousmane Sow …
Jean de Loisy critique d’art et commissaire d’exposition a tweeté : «seule manifestation culturelle autorisée au temps des musées fermés : les produits dérivés commerciaux des chats de Geluck. Confusion ? Cupidité ? Naïveté ? Navrant !!»
Chaque pièce du célèbre félin est à vendre pour le prix de 300 000 à 400 000 euros chacune.
Philippe Geluck précise qu’il s’est engagé à ne toucher aucun centime sur ces ventes.
L’argent ira directement au financement du Musée du Chat et du dessin d’humour que l’artiste belge souhaite ouvrir en 2024 à Bruxelles.
Cette exposition itinérante est visible à Paris jusqu’au 9 juin 2021.
Elle s’installera ensuite à Bordeaux, puis à Caen et, après un tour d’Europe, s’achèvera en 2024 à Bruxelles pour l’inauguration du Musée du Chat et du dessin d’humour.