Le Festival Napoleon célèbre Napoleon au travers de Projection de Films, Conférence, Performance, Cérémonie, dans le cadre élégant du Cinema Club de l’Etoile à Paris. Crée par le baryton et producteur David Serero, ce festival revient pour sa seconde édition avec un programme encore plus grand sur deux journées.
La première édition fut couronnée de succès avec les présences exceptionnelles de l’acteur Christian Clavier, qui reçut le Prix Napoléon d’Honneur, ainsi que les plus éminents spécialistes de Napoleon dont Mr Jean Tulard, Thierry Lentz, David Chanteranne, Jean-Pierre Osenat.
Napoléon Bonaparte s’employa pendant toute sa carrière à entretenir avec les religions une relation complexe. Elles furent principalement quatre à compter dans son parcours personnel et politique : catholique, protestante, musulmane et juive.
Concernant cette dernière, il offrit un nouveau statut aux membres de la communauté en Italie (en particulier dans le ghetto de Venise), réunit le Grand Sanhedrin et permit aux individus d’accéder à une liberté jamais envisagée jusqu’alors. Cette conférence évoquera les différentes actions entreprises et les relations entretenues avec les rabbins et les autorités juives, en France et à travers l’Europe.
Napoléon rencontre les premiers juifs en Italie
Le parcours personnel de Napoléon explique pour partie les étapes de la construction d’un statut reconnu pour les Juifs de France. Napoléon rencontre pour la première fois une communauté juive en Italie, le 9 février 1797, dans la ville d’Ancône pendant la campagne d’Italie. Les Juifs y vivent alors dans un ghetto confiné et bouclé la nuit. Ils portent des bonnets jaunes et des brassards avec l’étoile de David qui permettaient de les identifier.
Il ordonne alors de leur enlever le chapeau jaune et le brassard et d’y substituer la cocarde tricolore. C’est la première décision symbolique du général, futur empereur, qui donne par la suite des instructions plus concrètes pour que la communauté accède enfin à la liberté de culte et de circulation.
Des mesures qui s’appliquent par la suite aux Juifs de Rome, Venise, Vérone et Padoue. Napoléon abolit les lois de l’Inquisition, et les Juifs sont considérés comme des hommes libres ordinaires jouissant de leurs droits en Italie.
Les juifs ont accepté les règles posées par l’Empire
En 1807, Napoléon convia une assemblée de 111 notables juifs nommés par les préfets, puis réunira durant un mois un grand Sanhédrin (réunion des grands rabbins) de manière à recevoir des réponses claires et sans ambiguïté à une série de questions :
- «Est-il licite aux juifs d’épouser plusieurs femmes?»
- «Le divorce est-il permis par la religion juive?»
- «Une juive peut-elle se marier avec un chrétien et une chrétienne avec un juif?»
- «Les juifs nés en France et traités par la loi comme citoyens français regardent-ils la France comme leur patrie? Ont-ils l’obligation de la défendre ? Sont-ils obligés d’obéir aux lois et de suivre les dispositions du Code Civil?»
- «Qui nomme les rabbins?» etc
Respecter les règles du Code civil
La réponse des représentants laïcs et religieux du judaïsme sera unanime.
Aux deux premières questions, la réponse donnée sera la suivante : «Il est défendu aux Israélites de tous les Etats où la polygamie est prohibée par les lois civiles, d’épouser une seconde femme du vivant de la première, à moins qu’un divorce avec celle-ci, prononcé conformément, aux dispositions du Code Civil et suivi du divorce religieux, ne les ait affranchis des liens du mariage.»
La question la plus épineuse avait trait aux mariages mixtes. Elle donna lieu à de vives discussions entre les rabbins et laïcs.
Le grand Sanhédrin déclare finalement que «les mariages entre israélites et chrétiens, contractés conformément aux lois du Code civil, sont valables ; bien qu’ils ne soient pas susceptibles d’être revêtus de formes religieuses, ils n’entraîneront aucun anathème».
A la question de l’attachement des juifs à la France, la réponse sera également unanime : «La France est notre patrie, les Français sont nos frères». «Les juifs sont prêts à défendre la France jusqu’à la mort». Ce qu’ils feront lors des deux grands conflits mondiaux au XXe siècle.
Le conférencier David Chanteranne est historien et historien de l’art, diplômé de l’université de Paris-Sorbonne, journaliste et écrivain, il nous a fait un petit rappel de ce que Napoléon a pu mettre en place avec la communauté ou il a été proche toujours aider que la communauté juive pour qu’elle s’intégre dans la société française sous le régime de l’empereur Napoléon.
La délimitation exacte des pouvoirs juridiques des rabbins intéressait au plus haut point l’empereur. Napoléon proposa un «règlement organique du culte mosaïque» sur le modèle du protestantisme, paru le 17 mars 1808, dont voici les principales dispositions :
- «Il sera établi une synagogue et un consistoire israélite dans chaque département renfermant 2.000 individus professant la religion de Moïse…
- Chaque synagogue particulière sera administrée par deux notables et un rabbin, lesquels seront désignés par l’autorité compétente.
- Les fonctions du consistoire sont de veiller à ce que les rabbins ne puissent donner, soit en public, soit en particulier, aucune instruction ou explication de la loi qui ne soit conforme aux décisions doctrinales définies par le grand Sanhédrin.»
- «Chaque consistoire proposera à l’autorité compétente un projet de répartition entre les israélites de la circonscription, pour l’acquitement du salaire des rabbins.»
Un rabbin doit parler français…et le grec
- «Aucun rabbin ne pourra être élu : s’il n’est natif ou naturalisé français (ou Italien du royaume d’Italie); s’il ne sait la langue française en France. Celui qui joindra, à la connaissance de la langue hébraïque, quelques connaissances des langues grecque et latine sera préféré, toutes choses égales par ailleurs.»
- «Les fonctions des rabbins seront : d’enseigner la religion et la doctrine renfermée dans les décisions du grand Sanhédrin; de rappeler en toute circonstance l’obéissance aux lois, notamment et en particulier à celles relatives à la défense de la patrie… de célébrer les mariages et de déclarer les divorces, à condition, bien entendu, que les intéressés aient justifié, au préalable, de l’acte civil de mariage ou de divorce.»
L’émancipation des juifs en Europe
Ce règlement fut complété par le décret du 11 décembre1808 sur l’organisation des consistoires. Il porte bien la griffe napoléonienne : l’autorité rabbinique y est largement placée sous la tutelle des représentants laïcs des communautés. La création d’un consistoire israélite en 1808, est aujourd’hui encore, un des deux piliers (avec le Crif Conseil représentatif des insitutions juives de France crée en 1944), de l’organisation du judaïsme en France.
Cette reconnaissance officielle et mutuelle contribuera à une paix religieuse qui persistera jusqu’au régime de Vichy. L’émancipation des juifs de France sera regardée par une partie de l’Europe comme une grande avancée. Napoléon, qui libérera lors de sa campagne d’Italie les ghettos de Venise, d’Ancône, et Rome… sera perçu par les juifs comme un grand libérateur, sauf par la frange ultraorthodoxe qui y verra le danger d’une «perte identitaire». «Heureux comme dieu en France», deviendra une expression emblématique des communautés juives d’Europe.
L’opéra et la propagande de Napoléon est sa gloire d’Empereur
Durant son règne, il a donc contribué à forger l’opéra et il a veillé à la bonne marche de la musique. L’Empereur avait compris que la musique et l’opéra pouvaient être des instruments de propagande au service de son action politique.
L’œuvre de Napoléon n’est pas que militaire et politique, elle est aussi artistique.
Le conférencier David Chaillou, doctorat en histoire contemporaine (directeur de thèse : Jean Tulard). La politique sur la scène, histoire des œuvres créées à l’Opéra de Paris de 1810 à 1815. Mention très honorable avec félicitations du jury. Paris IV‐Sorbonne 2001. Il nous a fait un petit rappel de ce que Napoléon a pu mettre en place avec la musique, ou Napoléon a été proche toujours à cet égard, il souhaite profiter des lieux de cultures tels que les théâtres ou plus encore l’opéra pour faire l’éloge de l’Empire. Pour que l’œuvre artistique pouvaient être des instruments de propagande au service de son action politique, dans la société française.
De toute évidence, l’intérêt de l’Empereur pour l’opéra obéit à des motivations autres que musicales. C’est le souverain et non le mélomane qui décide de privilégier cette scène. Il y disposera d’un incomparable outil de propagande pour construire sa légende de son vivant.
Napoléon va d’ailleurs intervenir directement dans les thèmes et les choix des œuvres via son surintendant Auguste Laurent de Rémusat, qui va transmettre les instructions de l’Empereur au Directeur de l’opéra Louis Benoit Picard.
Les thèmes des opéras vont donc être choisis pour leur coïncidence avec les souhaits de l’Empereur (restauration de l’ordre moral, conquêtes militaires, entre autres). Un « jury de lecture » est créé en 1798, chargé d’examiner les livrets susceptibles d’être portés sur la scène.
L’Empereur exerce un droit de regard sur les affiches qui, selon le monopole de 1807, sont constituées de pièces en langue française.
D’ailleurs, les membres des comités sont nommés par l’autorité de tutelle sous l’influence de Napoléon.
Le répertoire va se diviser en deux types d’ouvrages : les œuvres dites « de circonstances » et les « créations », selon David Chaillou.
L’opéra « de circonstances » est une œuvre créée spécialement pour un événement, ou une occasion.
En 27 mars 1811, un opéra-ballet, Le Triomphe du Mois de Mars ou le Berceau d’Achille, composé par Rodolphe Kreutzer, sur un livret d’Emmanuel Dupaty (1775-1851), est représenté à l’Académie impériale de musique pour célébrer la naissance du roi de Rome survenue le 11 mars.
Cette œuvre est la plus représentative des « œuvres de circonstances » durant la période napoléonienne, pour que l’allusion soit bien comprise. La pièce s’achevait avec la descente sur la scène d’un berceau semé d’abeilles, identique à celui que la ville de Paris avait offert à l’héritier du trône.
L’Oriflamme, un opéra représenté le1er février 1814, sur un livret de Pierre Baour-Lormian (1770-1854), composé par Etienne-Nicolas Méhul, Ferdinando Paër (1771-1839), Rodolphe Kreutzer et Henri-Montan Berton, qui composera l’hymne final « jurons d’être vaillants, d’être fidèles ». L’opéra compare Napoléon à Charles Martel combattant les Sarrasins qui, en fait, représentent les Prussiens et les Russes qui envahissent la France. Le but est clair : restaurer l’orgueil national pour un dernier combat qui garantira la paix.
L’opéra « créations » était surtout constitué d’œuvres nouvelles, favorisées au détriment des pièces du répertoire.
Les créations vont être, en majorité, des œuvres de propagande. Les choix du jury de lecture vont porter sur un répertoire dont l’antiquité et la religion sont les sources d’inspiration privilégiées. Les thèmes est l’exaltation de la grandeur et de l’héroïsme, qui favorise les points de comparaison avec Napoléon.
L’Inauguration du temple de la Victoire, intermède patriotique qui célèbre les victoires napoléoniennes; puis, le 23 octobre de la même année, le Triomphe de Trajan, ce sont des oeuvres qui comporte des défilés militaires, avec des chevaux, et les spectateurs sont amenés à faire un rapprochement entre Trajan et l’Empereur des Français.
Napoléon a toujours su prendre soin de son image et de sa légende.
La censure impériale, figure la suppression partout, des corrections demandées. Il a su utiliser dans ce but la presse, les arts et, en particulier, l’opéra particulièrement intéressant, car on peut aisément adapter les livrets et faire passer des messages selon les objectifs. Ensuite, il y a la mise en scène, donc des décors qui furent, en l’occurrence, fastueux et grandiloquents, en rapport avec les sujets choisis, souvent à la gloire de l’Empereur.
Napoléon surveillait l’Opéra par l’intermédiaire de son homme de confiance, le comte Rémusat, surintendant des théâtres subventionnés. Il voulait être au courant de tout ce qui s’y faisait ou s’y jouait.
Napoléon fait de l’Opéra un théâtre à sa gloire : censure et autocensure, noyautage du milieu des artistes, contrôle de l’administration. De là une étonnante galerie de portraits où les vrais créateurs – Spontini, Le Sueur, Kreutzer, Cherubini, Méhul… – côtoient courtisans serviles et hommes d’appareil. Tous ces éléments jamais mis en lumière ajoutent une page très nouvelle à l’histoire politique et culturelle de la société française.
Un nouveau rendez-vous pour la fête Napoléon reste fixé au 12 février.
- 14h: Projection du film “ADIEU BONAPARTE” en version restaurée.
- 17h: Conférence “NAPOLEON, L’EGYPTE ET L’ISLAM” de Ahmed Youssef.
- 19h: Cérémonie – Remise des Prix du Festival Napoleon.
- LIEU: CINEMA CLUB DE l’ETOILE (14 rue Troyon, 75017 Paris).
Le Tarif pour chaque évènement est de 10 euros.
Pass pour l’ensemble de la journée: 25 euros (Entrée aux 3 évènements).