Des concerts de casseroles ont eu lieu à 20 heures, lorsque le président Emmanuel MACRON a prononcé son discours devant le peuple, qui était déjà dans la rue, dans plus de 300 villes.
Paris a eu droit à la symphonie des casseroles sous la direction de l’orchestre national le peuple, avec l’acte de solidarité “les casseroles vous écoutent.”
L’allocution télévisée d’Emmanuel Macron a été accueillie par des concerts de casseroles de manifestants déterminés à montrer qu’ils ne souhaitaient pas l’écouter, estimant ne pas avoir été entendus sur la réforme des retraites. A Paris, plusieurs rassemblements étaient programmés et les manifestants ont commencé peu avant 20 heures à faire du bruit en tapant sur des casseroles ou des poêles.
En conclusion de son allocution, Emmanuel Macron dit se donner « cent jours » pour trouver le chemin de « l’apaisement ». « Le 14 juillet prochain doit nous permettre de faire un premier bilan. Nous avons devant nous cent jours d’apaisement, d’unité, d’ambition et d’action au service de la France. C’est notre devoir et je vous fais confiance », a-t-il plaidé.
« Cette réforme est-elle acceptée ? A l’évidence, non. » Emmanuel Macron dit entendre la « colère » des Français, « personne ne peut y rester sourd ».
Le président liste les raisons, selon lui, de la colère des Français : « Colère face à un travail qui, pour trop de Français, ne permet plus de bien vivre, face à des prix qui montent, du plein, des courses, de la cantine (…). Colère parce que certains ont le sentiment de faire leur part, mais sans être récompensés de leurs efforts, ni en aides ni en services publics efficaces. »
« Personne ne peut rester sourd à cette demande de justice sociale », juge le chef de l’Etat. Mais « la réponse ne peut être ni dans l’immobilisme, ni dans l’extrémisme », assure-t-il.
Le président propose donc d’ouvrir « trois grands chantiers, à commencer par celui de l’emploi ».
Pour ce premier « chantier », le président de la République veut contruire un « nouveau pacte de la vie au travail (…) par le dialogue social ». Emmanuel Macron assure ainsi que sa « porte sera toujours ouverte » aux organisations patronales et syndicales qu’il a « proposé de recevoir dès demain [mardi] matin ».
Il promet d’ouvrir « sans aucune limite, sans aucun tabou » des négociations « sur des sujets essentiels : améliorer les revenus des salariés, faire progresser les carrières, mieux partager la richesse, améliorer les conditions de travail, trouvers des solutions à l’usure professionnelle, accroître l’emploi des seniors et aider aux reconversions ».
Ce nouveau pacte sera « construit dans les semaines et les mois qui viennent, a promis Emmanuel Macron. Par le dialogue social (…) mais aussi au plus près du terrain que les organisations syndicales et patronales sauront trouver ».
Emmanuel Macron a encore un peu attisé la colère d’une partie du pays. Pendant que le patron de la CFDT Laurent Berger fustigeait ce lundi matin un chef de l’État allant « jusqu’au bout du mépris », un sondage Elabe pour BFMTV donnait le chiffre de 90 % de personnes interrogées persuadées que l’allocution présidentielle n’apaiserait pas la situation sociale.
S’agissant des perspectives « qui sont données, c’est un peu un discours de la méthode pour une dixième fois mais rien de concret », a critiqué M. Berger. « L’apaisement, il fallait le faire sur le sujet qui a créé l’embrasement social, la réforme des retraites, il n’en a pas dit un mot », a-t-il ajouté sur BFM-TV.
La secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, a dénoncé une allocution qui « aurait pu être faite par ChatGPT », l’outil d’intelligence artificielle. « Sur quelle planète vit Emmanuel Macron ? », interroge-t-elle sur le plateau de LCI.
Le président de la République « n’a pas entendu ce que lui ont dit et répété les millions de manifestants » et de grévistes, a-t-elle ajouté. « Pour tourner la page, il faut nous proposer des choses concrètes » et « dans les chantiers qu’il nous liste, je vois soit des choses très concrètes qui divisent profondément », comme la réforme des lycées professionnels ou le RSA, ou des points « totalement obscurs et très généraux » comme sur les salaires.
« Donc, le miroir aux alouettes, c’est bon on en a déjà soupé. Là, le compte n’y est clairement pas », a-t-elle complété. Ensuite interrogée sur BFM-TV, Sophie Binet a assuré que le président « tend la main après avoir fait un bras d’honneur » aux syndicats, après la proposition renouvelée du président de recevoir les syndicats mardi.
Quelques tensions ont également été constatées dans la capitale
Dans la foulée, plusieurs rassemblements ont été organisés dans l’Hexagone. Trois manifestations non autorisées ont notamment été constatées dans les rues de Paris, avec un total de 2000 protestataires, a indiqué la préfecture. Le mouvement a dégénéré aux abords de la place de la République, avec des tensions entre manifestants et forces de l’ordre. Aux jets de projectiles, les policiers et gendarmes ont répondu par l’utilisation de gaz lacrymogènes. Des poubelles ont également été incendiées.