Emmanuel Macron reçu ce mercredi soir son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky à l’Elysée pour « préparer » le sommet du demain à Paris des pays de la « coalition des volontaires » prêts à apporter des garanties de sécurité à l’Ukraine.
Le président français a annoncé à cette occasion l’octroi d’une aide militaire supplémentaire de deux milliards d’euros « en soutien immédiat à l’Ukraine ». Ce soutien portera principalement sur de l’équipement militaire.
Ce nouveau paquet comprend “des missiles antichar Milan”, “des moyens de défense aérienne comme des missiles Mica” qui équipent les avions de chasse français Mirage fournis à l’Ukraine, “des missiles de défense sol-air Mistral”, “des blindés VAB”, “des chars AMX-10 RC”, “de nombreuses munitions dont certaines téléopérées”, et “des drones”. “Des productions d’équipements en Ukraine”, “grâce aux partenariats noués avec nos entreprises de défense”, sont également prévues. Les deux dirigeants ont, par ailleurs, discuté “d’une augmentation du nombre de Mirages” donnés par la France, comme l’a indiqué le président ukrainien.
Pour rappel, ces dernières semaines, les discussions pour un éventuel cessez-le-feu entre la Russie et l’Ukraine se sont accélérées. Mais si Kiev a accepté l’offre d’une trêve de 30 jours sur terre, mer et dans les airs, mise sur la table par Washington, il n’en est pas de même pour Moscou, que Volodymyr Zelensky accuse de “jouer la montre”. Ces équipements militaires visent donc à continuer d’aider l’armée ukrainienne à résister, en attendant qu’un terrain d’entente soit trouvé entre toutes les parties.
Le président français a aussi appelé la Russie à accepter un cessez-le-feu de 30 jours sans « conditions préalables ». Il a accusé Moscou d’avoir « montré sa volonté de guerre » et d’ajouter « de nouvelles conditions » à l’accord conclu via l’intermédiaire des Etats-Unis en vue d’une trêve en mer Noire et d’un moratoire sur les frappes visant les sites énergétiques.
Avant cette interview, le président de la République avait convié son homologue mercredi à une réunion pour “préparer” le sommet sur la paix et la sécurité prévu jeudi à Paris. Cette rencontre internationale visera à déterminer quels pays seront prêts à envoyer un contingent militaire en Ukraine en cas de trêve avec la Russie.
Evoquant les forces que plusieurs pays européens envisagent de déployer en Ukraine en cas d’accord de paix, Emmanuel Macron a assuré avoir une « approche pacifiste ». Ces contingents n’iraient « pas sur le front » pour « aller se battre », a-t-il insisté.
Moscou et Washington se sont accordés sur une trêve en mer Noire, au terme de ces discussions, selon les termes d’un communiqué publié par le Kremlin.
La Russie réclame en conséquence la levée de nombreuses sanctions, en particulier de celles imposées à sa grande banque agricole Rosselkhozbank, visée par le sixième « paquet » de sanctions décidées le 3 juin 2022 par l’Union européenne, et qui gênent le financement de ses exportations agricoles.
Le dirigeant était interrogé à Paris par des journalistes de plusieurs médias européens alors que des négociations sur un cessez-le-feu sont en cours, et à la veille d’un sommet international.
Le président ukrainien a souligné que « l’Ukraine, en se défendant, défend l’Europe », lors d’un entretien avec des médias européens diffusé sur France 2. Il a aussi déploré que l’émissaire américain pour l’Ukraine, Steve Witkoff, « cite assez souvent le narratif du Kremlin ».
Volodymyr Zelensky a par ailleurs affirmé que, selon lui, Vladimir Poutine aurait “peur de l’unité de l’Europe et des États-Unis” ce qui le pousserait “à affaiblir cette union et à les séparer”. “Je pense que dans une certaine mesure il réussit, pas totalement, Dieu merci, mais il a enregistré des succès”, a pointé le chef d’État.
Jeudi matin, Emmanuel Macron organise un nouveau sommet sur « la paix et la sécurité pour l’Ukraine », dans la lignée des réunions ces dernières semaines à Paris et Londres pour mettre en place des « garanties de sécurité » pour Kiev dans le cadre d’un éventuel futur accord de paix avec la Russie. 31 délégations seront présentes ; un élargissement bienvenu selon la présidence. « En cohérence avec l’initiative lancée à Paris le 17 février dernier et dans le prolongement de la réflexion engagée avec nos partenaires britanniques, cette nouvelle réunion visera à dégager des options opérationnelles, en soutien des efforts américains, pour parvenir à une paix solide et durable en Ukraine, dans le respect des intérêts de sécurité des Ukrainiens et des Européens. Il s’agira notamment de discuter du renforcement immédiat de l’assistance à l’Ukraine, de la manière dont un cessez-le-feu peut être mis en œuvre et étendu, des modalités d’un soutien dans la durée à l’Ukraine et à son armée et des garanties de sécurité nécessaires pour l’Ukraine » selon l’Elysée.
La dernière venue du président ukrainien remonte à décembre 2024, lorsqu’il avait été invité à la réouverture de la cathédrale Notre-Dame de Paris. En marge de cette cérémonie, il avait participé à une réunion avec Emmanuel Macron et Donald Trump. Si, depuis, les relations entre Volodymyr Zelensky et le président américain se sont considérablement tendues, l’entente avec la France semble beaucoup plus apaisée.