Le Jury des Longs Métrages du 77ème Festival international du Film de Cannes présidé par Greta Gerwig et composé de Lily Gladstone, Omar Sy, Ebru Ceylan, Juan Antonio Bayona, Eva Green, Hirokazu Kore-eda, Nadine Labaki et Pierfrancesco Favino a décerné le Grand Prix à All We Imagine as Light, film franco-indo-italo-luxembourgo-néerlandais, réalisé par Payal KAPADIA, jeune réalisatrice indienne de 38 ans basée à Bombay dont c’est le 1er long métrage de fiction et sorti en 2024.
Premier film indien à être programmé en sélection officielle depuis trente ans et à concourir pour la Palme d’Or, il avait déjà été primé sur scénario dans le cadre du Prix à la Création 2022 de la Fondation Gan.
All We Imagine as Light, ” Tout ce que l’on imagine comme étant de la lumière” !
Magnifique titre qui d’emblée nous entraînerait vers un monde onirique, apanage du cinéma depuis les Frères Lumière.
Mais, dès les premières images du film, on est brutalement plongé dans la réalité âpre.
Long travelling au petit matin sur la ville populeuse et fourmillante de Bombay, les livreurs, les étals de marché, les rues encombrées, les véhicules se frayant un chemin dans cette cité tentaculaire qui absorbe, telle un monstre insatiable, les miséreux venus des campagnes.
Puis, entrent en scène les personnages, trois femmes qui travaillent dans le même hôpital.
Prabha (Kani Kusruti) et Anu (Divya Prabha) sont infirmières et partagent un petit appartement.
L’une, mariée à un inconnu parti travailler en Allemagne et dont elle n’a plus de nouvelles est tourmentée. L’autre, plus jeune et gaie, secrètement amoureuse d’un musulman, est frustrée de n’avoir de lieu pour faire l’amour avec lui. Une troisième, Parvaty (Chhaya Kadam), est sous la menace d’une expulsion par des promoteurs …
Payal KAPADIA dépeint un portrait délicat et sensible de ces trois femmes, leurs amours entravées dans une société répressive – le poids des traditions, le système de castes, la religion – leur solitude, leurs difficultés à trouver le bonheur. Sortir du sombre quotidien pour aller vers la lumière !
Un film empreint d’une forte émotion qui évoque le combat courageux de ces femmes, leur solidarité, leur résilience et leur ouverture à l’autre.
Un film à mille lieux de Bollywood, la puissante industrie cinématographique indienne qui ne laisse pas de place aux jeunes cinéastes indépendants, encore moins aux femmes.
Le couronnement d’un film bouleversant, la révélation d’une grande cinéaste venue du continent indien.
Le film est attendu en salles en octobre prochain.
Il va auparavant faire la tournée des festivals du monde entier.