Grève nationale: les Français en colère se sont mobilisés jeudi pour protester contre la réforme des retraites
La grève de jeudi contre la réforme des retraites a été particulièrement suivie, avec 806.000 manifestants à travers toute la France, selon les chiffres officiels.
Des trains était à l’arrêt et les transports en commun perturbés dans de nombreuses villes. L’appel à la mobilisation, initialement lancé dans les transports, à la SNCF et à la RATP, a été relayé ces dernières semaines par de nombreuses catégories professionnelles, du public et du privé.
Le ministère de l’Intérieur a dénombré 806.000 manifestants en France. Parmi les mobilisations massives, les autorités ont compté au moins 33.000 personnes à Toulouse, 25.000 à Marseille, 20.000 à Lyon, Montpellier, Nante et Bordeaux. De son coté, la CGT en évoque plus de 1,5 million, les chiffres réels pourraient être estimés à 1,2 million.
À Lyon, de brefs affrontements entre les forces de l’ordre et des groupes de jeunes cagoulés et de “gilets jaunes” ont d’ailleurs éclaté. Selon la préfecture de région, “des groupes d’individus violents” s’en sont pris à la police et la gendarmerie, jetant des projectiles avant de se prendre des gaz lacrymogènes en représailles. À Nantes, où 20.000 personne sont été dénombrées par les forces de l’ordre, les manifestants ont roué de coups une piñata géante, présentée comme une effigie d’Emmanuel Macron. Sur des images circulant sur les réseaux sociaux, on peut également apercevoir des individus habillés de noir caillasser une boutique SFR du centre-ville.
Plus d’un fonctionnaire sur quatre était en grève (26%) jeudi à 18h00 selon selon les chiffres communiqués par les services du secrétaire d’Etat Olivier Dussopt. D’après la CGT, le taux de grévistes dans la seule fonction publique d’Etat, qui englobe les enseignants, a atteint 45%.
Selon le ministère, un tiers des agents (32,82%) de la fonction publique d’Etat étaient en grève, une moyenne pondérée qui recouvre des taux plus élevés dans l’éducation (42,65%), une proportion de 20,38% dans les ministères hors Education nationale et 13,30% chez les exploitants publics (comme La Poste).
Les autorités ont fait état de 13,76% de grévistes dans la fonction publique territoriale et 18,9% dans les hôpitaux (dont 8,7% d’absents et 10,2% de personnels assignés). Interrogée par l’AFP, la CGT a jugé “impossible” de donner des chiffres jeudi soir dans les fonctions publiques territoriale et hospitalière.
Sept des huit raffineries que compte la France étaient en grève ce jeudi. Pour l’instant, cela n’a pas d’impact sur les stations-service.
Les compagnies aériennes ont été priées de réduire de 20% leur programme jeudi et vendredi. Air France a annoncé l’annulation de 30% de ses vols intérieurs et 10% de ses moyen-courriers.
Grève aussi dans la police à l’appel de plusieurs syndicats. Les fonctionnaires ont effectué un service minimum, bloquant certains commissariats. La police de l’air et des frontières a suivi une grève du zèle lors des contrôles, entraînant de longues file d’attente.
À la SNCF, la grève est reconduite ce vendredi. Idem et à la RATP jusqu’à ce lundi 9 décembre inclus.
Côté éducation, des intersyndicales doivent notamment se réunir jeudi soir et vendredi matin, en vue d’une nouvelle journée de mobilisation mardi 10 décembre.
La grève sera “reconductible pour un certain nombre de secteurs, c’est certain”, a estimé jeudi le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez.
Face au mouvement, le président Emmanuel Macron est “calme et déterminé à mener cette réforme, dans l’écoute et la consultation”, a indiqué l’Élysée, précisant que “le Premier ministre s’exprimerait vers le milieu de la semaine prochaine sur l’architecture générale de la réforme”.
Pour décider de la suite du mouvement, des assemblées générales sont prévues en fin de journée, ainsi qu’une réunion vendredi matin des organisations à l’initiative du mouvement.
A l’origine de la mobilisation, le futur “système universel” de retraites par points, censé remplacer les 42 régimes existants (général, des fonctionnaires, privés, spéciaux, autonomes, complémentaires). L’exécutif promet un système “plus lisible” et “plus juste”, quand les opposants s’attendent à une “précarisation” des retraités.
Dans des agglomérations plus modestes, plusieurs milliers de personnes se sont également rassemblées : 15.000 à Clermont-Ferrand, 13.000 à Lille et Rouen, au moins 10.000 à Tours, Rennes, Brest, Saint-Etienne, Bayonne et Pau, au moins 9.000 à Strasbourg, Perpignan, Limoges, Saint-Nazaire ou Caen. Dans la ville normande, les syndicats évoquent “une première historique”. À Nice, on a compté 4.500 personnes selon la préfecture, 9.000 à 10.000 selon la CGT.
En fin d’après-midi, la CGT faisait état de 250.000 manifestants dans la capitale, 65.000 selon le ministère de l’Intérieur et seulement 40.500 d’après le comptage réalisé par le cabinet Occurence pour un collectif de médias. Pour limiter le risque de casse, les commerces ont été fermés le long du parcours. Selon des informations d’Europe 1, 57 personnes ont été placées en garde à vue.
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