C’est avec tristesse que nous avons appris le décès de la chanteuse et femme d’affaires, Régine, “Reine de la Nuit et des discothèques”, comme on la surnommait. Elle s’est éteinte à Paris en ce 1er mai, à l’âge de 92 ans, a déclaré sa petite-fille, Daphné Rotcajg.
Qui était Régine?
Née en Belgique, à Anderlecht, le 26 décembre 1929, Regina Zylbergerg, alias Régine, était d’origine juive polonaise. Durant la seconde guerre mondiale, en 1941, elle échappe à la déportation grâce à une famille française qui la cache à Aix-en-Provence.
A la libération, son père ouvre un bar à Belleville. La jeune fille fréquente alors les boîtes de nuit. Elle rencontre Serge Gainsbourg au “Whisky à gogo” (75001) dont elle a pris la direction grâce à un ami. Elle sait mettre l’ambiance et dit ne jamais boire d’alcool.
Ouverture de discothèques
En 1956, Régine ouvre sa première discothéque, “Chez Régine” dans le Quartier Latin puis le “New Jimmy’s” à Montparnasse, où elle fait découvrir le twist. Infatigable, elle aime faire la fête tout en déclarant que “Dormir est une perte de temps”, on la retrouve sur la piste de danse jusqu’au petit matin.
Au fil des ans, elle devient proprètaire de 22 boîtes de nuit qui portent son nom, de Paris, près des Champs-Elysées à New-York et Monaco, en passant par le Brésil et la Malaisie . Elle y accueille de nombreuses célébrités dont Andy Warhol, Liza Minelli, les Rothchild ou les Kennedy, mais aussi tous ceux qu’elle a inpirés comme Serge Gainsbourg, Sagan, Renaud, Marc Lavoine ou Serge Lama.
En 1992, elle acquiert le “Palace” qui ferme 4 ans plus tard suite à une perquisition découvrant des produits stupéfiants.
En 2004, Régine divorce de son second mari, l’homme d’affaires Roger Choukroun, épousé en 1969, avec qui elle avait créé une carte de membres pour les clients de ses clubs, avec laquelle ils pouvaient accéder à tous ses établissements dans le monde. Dans les annes 1980, on comptait près de 20 000 titulaires.
La même année, elle décide de se séparer de la plupart de ses clubs. En près de 30 ans , Régine a fait danser les stars du monde entier.
Une carrière de chanteuse
Personne n’oubliera les titres chantés et immortalisés par Régine, parmi lesquels “Les p’tis papiers”, “La grande Zoa”, “Patchouli chinchilla” ou “Azzuro”. Au total, elle compte à son actif plus de 250 titres dont de nombreuses chansons populaires et classiques de la variété.
Durant les années 1960, la “Grande Zoa” comme on la surnommait, est montée sur les planches de l’Olympia puis du Carnegie Hall de New-York en 1969, devenant ainsi une des rares françaises après Edith Piaf et Line Renaud à être célèbre aux Etats-Unis. Elle passe ensuite à Bobino et à la Cigale à Paris.
Se disant ruinée en 2009, elle vend sa discothèque de la rue de Ponthieu à Paris, “Chez Régine” puis multiplie les talk- shows et les concerts.
En 2016, elle se produit aux Folies Bergères où elle interprète “Je survivrai”, version française de “I will survive” de Gloria Gaynor. Un titre prémonitoire!
Régine et le cinéma
Hormis sa carrière de chanteuse, Régine a aussi été à l’affiche d’une dizaine de films dont “Jeu de massacres” d’Alain Jessua, “Robert et Robert” de Claude Lelouch, “Les ripoux” de Claude Zidi.
Régine femme d’affaires
Nul ne peut ignorer le talent indaignable de femme d’affaires de la chanteuse. Outre son idée de carte internationale de membre de ses clubs, elle a investi avec son second mari dans l’hôtellerie, la restauration, la création d’une ligne de vêtements et de parfums. Elle a même parrainé des croisièes de luxe.
SOS Drogue International
Toujours prête à défendre des causes importantes, Régine fonde l’association “SOS Drogue International” en 1984. L’objectif est de développer des dispositifs d’aide et de soins aux usagers de drogue.. En 2009, devenu Groupe SOS, il comprenait 10 associations et 11 entreprises.
Elle présidait aussi SOS Habitat et Soins.
La mort de son fils
En 1947, “La Reine de la Nuit” a épousé en première noce Paul Rotcajg , apprenti maroquinier. L’année suivante,son fils unique Lionel naissait. Malheureusement, celui disparait en 2006 des suites d’un cancer du poumon. Ce drame marquera la chanteuse à jamais. Elle écrira d’ailleurs en 2009, un livre lui rendant hommage, “A toi, Lionel mon fils”.
Ses écrits
Régine est aussi l’auteur de plusieurs ouvrages:
*1985: Appelez-moi par mon prénom-,Mémoires (Ed R. Laffont)
*1987: La drogue, Parlons-en, préface du Professeur Ollivenstein (M. Lafon)
*2002: Mes P’tits Papiers- Mémoires (Pauvert)
*2006: Moi, mes histoires (Ed du Rocher)
*2010: A toi, Lionel, mon fils (Flammarion)
*2018: Gueule de nuit, préace Pierre Palmade (Flammarion).
Hommages
A l’annonce du décès de l’artiste, de nombreuses personnalités ont tenu à lui rendre hommage:
*Son ami Pierre Palmade qui a rédigé un communiqué à la demande de la famille : …”La reine de la nuit s’en va: fermeture pour cause de longue et grande carrière.”
*Line Renaud :”La nuit est orpheline, elle a perdu sa reine”)
*Boy George et La grande Sophie
*Jean Castex (“Six lettres sur un néon…ainsi était Régine”)
*Roselyne Bachelot (“Au revoir Régine, vous avez fait briller la nuit avec humour et panache…)
*Anne Hidalgo (“La reine de nos nuits blanches a fait briller sa ville comme personne”)
*Jane Birkin, Laurent Delahousse, Bernard Montiel et bien d’autres encore.
Par ailleurs, la chanteuse avait reçu la médaille de Chevalier de la Légion d’honneur en 1995 des mains du Président Chirac et celle d’officier en 2008 par Nicolas Sarkosi.