Avignon: un policier tué dans une opération antidrogue

Avignon: un policier tué dans une opération antidrogue

Un policier a été tué par balle mercredi près d’un point de deal à Avignon par un tireur qui s’est ensuite enfui, un drame survenu alors que l’exécutif a érigé la lutte contre les trafics en priorité et que l’insécurité s’annonce comme un thème majeur de la campagne présidentielle.

«La lutte contre les trafics de stupéfiants, partout sur le territoire national, s’apparente à une guerre. Cette guerre, nous la menons grâce à des soldats, (…) les policiers et les gendarmes de France. Aujourd’hui, un de ces soldats est mort en héros», a déclaré sur place à la presse le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, vers minuit.

Dans la soirée, des centaines de policiers étaient déployés, lourdement armés, autour des lieux du crime, une petite rue à l’intérieur des remparts de la Cité des Papes, dans le centre-ville. Sur place, un enquêteur de la police scientifique faisait encore des prélèvements peu avant 23 h 00.

C’est là que vers 18 h 30, le policier décédé et son équipage avaient été envoyés «pour un attroupement sur la voie publique autour d’un point de deal», selon le ministre de l’Intérieur. À leur arrivée sur les lieux, un «lieu très sensible en matière de stup’» selon le délégué syndical Unité SGP-Police Grand Sud Bruno Bartocetti, l’équipage a contrôlé le groupe présent: au cours de cette intervention, un des individus aurait fait feu «à plusieurs reprises» sur le fonctionnaire de police.

Les autres policiers présents ont riposté, sans pouvoir interpeller l’auteur des tirs qui a pris la fuite –«en trottinette», selon une source policière. Malgré l’intervention de ses collègues et des sapeurs-pompiers, la victime, un homme de 36 ans pacsé et père de deux enfants, est décédée.

Le Vaucluse, un des dix départements les plus pauvres de France, a connu une hausse du trafic de drogue ces dernières années, selon des responsables policiers et judiciaires interrogés récemment par l’AFP. «Dans le département du Vaucluse depuis le 1er janvier, c’est 83 interpellations pour trafic de stups, c’est plus de 60 opérations contre les points de deal», a détaillé à Avignon Gérald Darmanin. «Les opérations que nous menons démontrent que dans les saisies des policiers, c’est une augmentation de plus de 30% des armes saisies lors d’interpellations dans le trafic de stupéfiants», a aussi pointé le ministre.

Survenu une dizaine de jours après l’assassinat djihadiste de Stéphanie Monfermé, une fonctionnaire de police tuée à coups de couteau dans le commissariat de Rambouillet, ce nouveau drame a suscité immédiatement de vives réactions des syndicats de policiers. «Rien ne justifie une telle barbarie», s’est insurgé le syndicat Synergie Officiers.

Alliance Police Nationale a insisté: le syndicat «assure qu’il faut punir par de la prison ferme assortie de mandat de dépôt ceux qui agressent ou tuent des policiers (…), dénonce ce laxisme de la justice qui aménage ou réduit les peines de ces individus qui jouissent d’une impunité sans limite».

Un femme, soupçonnée d’avoir été présente mercredi soir à Avignon près du point de deal où un policier en intervention a été tué, a été interpellée ce jeudi dans le cadre de l’enquête, a appris franceinfo de source proche de l’enquête. Elle est soupçonnée d’avoir voulu acheter de la drogue au dealer qui a tiré et a été placée en garde à vue au commissariat d’Avignon.

Deux hommes, le tireur et un complice, qui ont pris la fuite après la fusillade, sont toujours activement recherchés par les enquêteurs de la police judiciaire chargée de l’enquête sous l’autorité du parquet d’Avignon. Mercredi en fin d’après-midi, le policier décédé et son équipage avaient été envoyés “pour un attroupement sur la voie publique autour d’un point de deal”, selon le ministre de l’Intérieur.

Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin est venu en personne à Avignon mercredi soir et aujourd’hui à nouveau rencontrer les policiers d’Avignon dans la matinée.

Le ministre de l’intérieur a ensuite pris la parole peu après minuit: “La lutte contre les trafics de stupéfiants s’apparente à une guerre. Nous la menons grâce à des soldats, les policiers et gendarmes de France. Aujourd’hui, un de ces soldats est mort en héros.”

La maire socialiste de la ville rappelle néanmoins que la ville n’est pas une zone de non-droit : “Le centre-ville ne fait pas l’objet de violences comme (hier) soir mais il y a quelques points de deal, explique Cécile Helle. Ces dernières semaines, les policiers ont procédé à plusieurs interpellations au niveau des trafics de drogue. Mais là, c’est un pas qui est franchi avec un irrespect des forces de l’ordre et de la sécurité.”

Invité jeudi sur Europe 1, l’écrivain et philosophe Bernard-Henri Lévy a dénoncé “un climat politique en France qui peut donner le sentiment d’un permis de tuer les détenteurs de l’autorité publique, parmi lesquels les policiers”.

“On ne peut pas passer son temps à diaboliser la police, à la traiter de fasciste comme le font certains, y compris parmi les responsables politiques, et ne pas avoir de conséquences de ce genre”, a-t-il poursuivi. “Parce que là, ce n’est pas un territoire perdu de la République, c’est le centre d’une grande ville française !”

Pour Bernard-Henri Lévy, ce “climat politique” participe au phénomène d’une société “qui se défait”. Tout comme la tribune des généraux parue dans l’hebdomadaire “Valeurs actuelles” et qui a beaucoup fait parler le monde politique. “Un lien social se défait par plusieurs bouts à la fois”, a avancé le philosophe pour qui la tribune des généraux “participe au délitement” de la société.

Ce crime intervient aussi alors que l’exécutif a érigé ces derniers mois la sécurité au premier rang de ses priorités, à un an de l’élection présidentielle. Dans un entretien accordé au Figaro, Emmanuel Macron a récemment fait de l’éradication des trafics de stupéfiants «la mère des batailles» – la droite et le RN dénonçant de leur côté l’échec du gouvernement sur le sujet.

Selon une étude de l’institut Elabe publiée le mois dernier, les électeurs français citent l’emploi (31%), le pouvoir d’achat (31%) et la sécurité (30%) comme les thèmes qui compteront le plus dans leur choix en 2022.

About Author

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site Web utilise les cookies. En poursuivant sur ce site, vous acceptez notre utilisation des cookies.