La protection de la biodiversité est au cœur de l’année 2021. Le combat sera mis sur le devant de la scène mondiale au second semestre lors de la COP15 biodiversité à Kunming en Chine.
Ce sommet a permis de faire un point sur “la coalition pour la haute ambition”, portée par le Costa Rica, la France et le Royaume-Uni. Elle compte à présent plus de 50 États engagés pour protéger “au moins 30% des terres et des océans”.
Les dirigeants et les acteurs économiques se sont engagés lundi 11 janvier à faire plus pour la biodiversité, dont dépend la survie de l’humanité, sans toutefois détailler leurs promesses ni mettre beaucoup plus d’argent sur la table.
La conférence a été consacrée à quatre thèmes: protection des écosystèmes terrestres et marins; promotion de l’agro-écologie; mobilisation des financements; lien entre déforestation, préservation des espèces et santé humaine.
Si beaucoup d’entre elles y ont participé virtuellement par le biais de visioconférences en raison de la pandémie de Covid-19, le prince Albert II de Monaco était présent aux côtés du président français Emmanuel Macron.
Est intervenu lors de la session sur la protection des espaces marins et terrestres. Le prince Albert II de Monaco a évoqué l’exemple de deux initiatives développées en Méditerranée avec le soutien de sa fondation, comme celle-ci l’a signalé sur les réseaux sociaux. Il s’agit de The MedFund et de Beyond Plastic Med (BeMed). Il a rappelé «qu’agir pour la préservation des mers et des forêts c’était agir pour la survie de l’humanité».
Institution privée à but non lucratif créée en 2015 et basée à Monaco, The MedFund octroie des financements durables pour la conservation de la biodiversité dans les aires marines protégées des différents pays de la Méditerranée. L’association Beyond Plastic Med et créée en janvier 2019, est destinée à lutter contre la pollution par les plastiques en mer, sa part donné pour missions de soutenir et mettre en réseau les acteurs engagés contre cette pollution en Méditerranée, mettre en œuvre des solutions efficaces et durables et favoriser la recherche de nouvelles alternatives, et enfin mobiliser les acteurs et le grand public par la connaissance et le partage des bonnes pratiques.
La France a pris l’initiative d’organiser un One Planet Summit ce 11 janvier dédié au financement de la protection de la nature. À cette occasion, la Caisse des Dépôts (actionnaire de Novethic) engage un vaste plan d’actions.
Ensuite, la CDC s’engage à interroger les entreprises dont elle est actionnaire sur leur stratégie de préservation de la biodiversité, à raison de deux secteurs d’activité par an, en commençant par l’agro-alimentaire et la chimie. “En interrogeant les entreprises dans lesquelles nous investissons sur les impacts de leur chaîne de valeur et leurs engagements, nous entendons susciter un mouvement en faveur de la biodiversité”, assure Nathalie Lhayani, directrice de la politique durable du groupe. Ce dialogue actionnarial pourra se matérialiser par le vote de résolutions en Assemblée générale, prévient la Caisse.
Les acteurs financiers se regroupent de plus en plus en coalition pour mener le combat de la biodiversité. Celui-ci se révèle encore plus complexe que celui pour le climat. “La question de la biodiversité est un sujet émergent porté à ce stade par les acteurs financiers les plus engagés et les banques publiques. La première raison est un manque de données. Dans le cadre de la plateforme Finance for Biodiversity, l’objectif de la CDC est notamment de faire émerger des standards de place communs. Il nous faut aussi, comme pour le climat, une cible englobante à horizon 2030 ou 2050”, explique Nathalie Lhayani.
D’autres acteurs ont pris aussi des engagements. C’est le cas de Mirova, HSBC Pollination Climate Asset Management et Lombard Odier, qui ont formé la Natural Capital Investment Alliance. Ensemble, ils espèrent mobiliser les acteurs de la finance pour orienter jusqu’à 10 milliards de dollars sur le thème du capital naturel d’ici 2022. “Mirova a pour ambition de permettre que le capital naturel devienne un thème d’investissement à part entière”, explique son PDG Philippe Zaouati.
Une nouvelle coalition, beaucoup plus modeste (six pays), a été lancée pour la Méditerranée, très polluée et victime de surpêche. La France espère la renforcer d’ici le congrès de l’UICN prévu en septembre à Marseille.
Gilles Simeoni, le président de l’Exécutif corse, est intervenu avec sa casquette de président de la commission des îles de la conférence des régions périphériques maritimes de l’Union européenne, lors de la table ronde sur le plan d’action Méditerranée exemplaire 2030 dans la première séquence consacrée à la protection des espaces terrestres et marins.
“La Méditerranée est un joyau en matière de biodiversité. Alors qu’elle représente moins de 1 % de la surface océanique, elle est une des mers les plus riches au monde en matière de diversité biologique. Mais c’est un joyau aujourd’hui menacé d’appauvrissement, voire de disparition”, a-t-il souligné.
“Promouvoir des pratiques de transport maritime permettant de protéger l’environnement et de lutter contre les changements climatiques” et au sein de ce dernier, quatre actions comme autant d’initiatives prometteuses.
“Les ports verts, notamment à travers l’électrification des quais et leur avitaillement en source d’énergie alternative”, (…) ; “le respect de la Convention Marpol relative à la prévention de la pollution de l’air par les navires” ; la nécessité “d’obtenir l’engagement des acteurs du transport maritime en faveur de la protection de l’environnement marin” ; le renforcement “de la lutte contre les dégazages, la pollution par les hydrocarbures, et autres substances nocives en Méditerranée, une action qui parle aux insulaires et Méditerranéens que nous sommes, et particulièrement aux Corses”.
Une trentaine de décideurs; parmi lesquels les premiers ministres britannique et canadien, la chancelière allemande, la présidente de la Commission européenne, le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé(…); se sont exprimés sur ces sujets majeurs.
Avec 60 % des écosystèmes dégradés dans le monde et plus d’un million d’espèces, de plantes et d’animaux menacés d’extinction, selon les données de l’ONU, les activités humaines mettent la planète en danger plus grand que jamais.
Le Royaume-Uni a annoncé qu’il investirait 4 milliards de dollars pour atteindre cet objectif. Selon le gouvernement britannique, cette contribution, provenant du fonds de 15 633 millions de dollars mis à la disposition du pays pour faire face à la crise climatique, sera versée à des projets visant à empêcher la destruction des forêts et la conservation des ressources marines.
Il s’agit d’un soutien important à une initiative lancée en 2019 par six pays (Costa Rica, France, Finlande, Gabon, Grenade et Royaume-Uni) sous le nom de Coalition pour une haute ambition pour la nature et les peuples, qui parvient maintenant à rejoindre ses rangs une cinquantaine de nations au total, dont le Japon, le Kenya, l’Irlande, l’Italie, le Portugal et l’Equateur.
“La reprise pandémique est notre chance de changer de cap (…) Avec des politiques intelligentes et des investissements adéquats, nous pouvons tracer une voie qui assure la santé de tous, revitalise les économies, génère résilience et rénforcer la biodiversité”, a déclaré le Secrétaire général des Nations Unies António Guterres.
En parallèle, une conférence a eu lieu ce lundi pour investir dans le projet de la Grande Muraille verte d’Afrique, qui implique de gros efforts pour éviter que le désert du Sahara ne s’étende plus au sud.
Lancé en 2007, il a pour objectif de planter un arc d’arbres qui parcourt 7 000 kilomètres à travers l’Afrique, du Sénégal le long de l’Atlantique à Djibouti dans le golfe d’Aden.
Les participants se sont félicités de la création d’un accélérateur, qui devrait libérer 14,3 milliards de dollars au cours des cinq prochaines années pour financer le programme.
En 2021 se succéder le congrès mondial de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN, en septembre), la 15e réunion de la Convention de l’ONU sur la diversité biologique (COP15), la COP26 pour le climat (en novembre) et la COP contre la désertification.