2019/2020: l’Afrique renouvelle ses dirigeants ou les prolonge
2019 a été une année marquante pour le continent africain, de grands pays ont organisé des présidentielles parmi lesquels l‘Algérie, la RDC, la Guinée Bissau, le Nigéria et le Sénégal mais aussi la Tunisie et la Libye.(président par intérim en attendant de futures présidentielles)
Il en sera de même en 2020 au Togo où les élections se tiendront les les 22 février et 7 mars et la Côte d’Ivoire en octobre.
L’année 2019 a commencé par la désignation le 10 janvier de l’opposant, chef de file de l’UDPS, Félix Tshisekedi qui succède à Joseph Kabila au poste de président de la République Démocratique du Congo avec 38,57% des voix. L’élection fait suite à une décision de la Commission électorale congolaise. Un résultat contesté par l’autre tête de l’opposition Martin Fayulu qui considère cette nomination comme un “putsh électoral” mais aussi mis en doute par la France.
Le second pays à élire son président est le Nigéria qui reconduit le président sortant, Muhammadu Buhari, le 27 février avec 56% des voix. Le pays le plus peuplé d’Afrique possède un scrutin uninominal majoritaire à 2 tours. On notera toutefois une participation assez faible de 40%.
Ce fut ensuite le Sénégal qui a réélu le 1er mars son président, Macky Sall. Ce dernier a remporté l’élection au premier tour avec 58,27 % des suffrages et une participation au scrutin de 66,24 %. Il devance Idrissa Seck (20,50%) et Ousmane Sonko (15,67%) qui deviennent ses principaux opposants.
La Libye a quant à elle un président par intérim, Mohamed Youssef el-Megaryef, depuis mai 2019 en attendant les prochaines présidentielles dont la date a été reportée plusieurs fois; elles feront suite à la rédaction d’une nouvelle constitution.
Suite au décès en juillet de son président, Beji Caid Essebsi, la Tunisie a élu le 15 octobre de manière anticipée son nouveau président, le candidat conservateur sociétal, le juriste Kaïs Saïed. Une victoire obtenue au second tour avec 77% des voix et près de 58% de participation. Il devançait ainsi homme d’affaires Nabil Karoui, fraîchement sorti de détention après avoir passé l’essentiel de la campagne électorale incarcéré en attendant le verdict de son procès pour corruption. Au total, on comptait 26 candidats mais c’est la jeunesse en quête de changement et les valeurs de la révolution qui ont déterminé ce résultat final écrasant.
Autre grand pays du Maghreb, l’Algérie s’est rendue aux urnes pour élire son nouveau président. Le 12 décembre, Abdelmadjid Tebboune a succédé à Abdelaziz Bouteflika, dont il fut le premier ministre. L’ancien président, malade a été obligé de démissionner en avril suite à un mouvement populaire inédit de contestation, le Hirak, que le pays subissait depuis 10 mois. On notera cependant un fort taux d’abstention de près de 60% suite au boycott lié au Hirak et la faible participation en Kabylie. Le président Tebboune a été élu avec 58,13% des voix au premier tour face à 4 autres candidats (Abdelkader Bengrina, Ali Benflis, Azzedine Mihoubi, Abdelaziz Belaïd). Depuis 1970, il a été préfet, plusieurs fois ministre puis Premier ministre de Bouteflika; il était aussi le candidat de l’armée selon le peuple.D’autre part, d’ici 2 mois, une réforme de la constitution et un référendum pour valider le texte devraient être proposés, une commission de 17 personnes, dont une majorité de professeurs de droit vient d’être nommé 8 janvier.
Pourtant, la crise continue tout comme les manifestations qui atteignent le 47ème vendredi de contestation malgré le décès du chef d’état-major et homme fort du pays Ahmed Gaïd Salah, le 23 décembre, et la libération provisoire de plusieurs dizaines de manifestants.
La Guinée Bissau est le dernier pays à élire son président en 2019. Dans un climat tendu et des échauffourées, Umaro Sissoco Embaló a été élu avec 53,55% et 72,67% de participation. Ce résultat a été contesté par son adversaire, Domingos Simões Pereira, arrivé en tête du premier tour avec 40,1% des suffrages contre 28% pour Embalo. La cour suprême dispose de jours pour examiner et se prononcer sur le recours.
L’année 2020 verra l’organisation des scrutins présidentiels au Togo et en Côte d’Ivoire.
Au Togo, les élections présidentielles se tiendront le 22 février et le 7 mars 2020, la campagne électorale commencera le 6 février. Face au président sortant, Faure Gnassingbé au pouvoir depuis 2005, se positionne l’ancien Premier Ministre togolais Agbéyomé Messan Kodjo, investi candat unique de l’opposition par le comité de sages de l’opposition Togolaise porté par l’archevêque de Lomé, Mgr Philippe Fanoko Kpodzro et certains candidat déclarés dont Aimé Gogue, Pierre Ekue Gamesu Kpodar, Agbéyomé Kodjo, Soter Dovi, Komi Wolou ou Jean-Pierre Favre. Par ailleurs, pour la première fois, la modification de la loi électorale permettra aux Togolais de la diaspora de pouvoir voter.
La date des élections en Côte d’Ivoire n’est pas encore fixée mais on sait déjà qu’elles devraient avoir lieu à la fin du mois d’octobre. Le nombre des candidats n’est pas encore révélé et le climat est tendu. Le président actuel, Alassane Ouattara veut modifier la constitution avant la présidentielle et laisse toujours planer le doute sur ses ambitions pour un nouveau mandat. De son côté, son ancien Premier ministre Guillaume Soro a annoncé sa candidature mais doit désormais rester à l’étranger à cause d’une accusation d’insurrection dans son pays; il promet donc d’organiser “la résistance politique” depuis Paris où il se trouve depuis le 23 décembre 2019. Il déclare avoir conclu un accord électoral avec l’ancien président Henri Konan Bédié, chef du principal parti d’opposition, qui selon lui se présentera aussi à la présidentielle, celui des 2 qui sera le mieux placé soutiendra le second. Par ailleurs, l’opposition s’est prononcée contre le mandat d’arrêt international visant Guillaume Soro, ainsi que contre l’arrestation de 5 députés proches de l’ex-Premier ministre.