La mission de la United Music Foundation est de protéger l’ensemble du patrimoine musical menacé de disparition

La mission de la United Music Foundation est de protéger l’ensemble du patrimoine musical menacé de disparition

La United Music Foundation a pour mission de sauvegarder, valoriser et mettre à la disposition du public tout patrimoine musical enregistré menacé de disparition. Constituée à Genève en 2013, la United Music Foundation est reconnue d’utilité publique, à but non lucratif et exonérée fiscalement.

Comment sauver la musique des années 1930 à 1980 en 15 ans ?

David Hadzis est le chef de projet de la United Music Foundation, qui sauvegarde le patrimoine musical pour empêcher leur disparition.

Expliquant que les supports originaux du studio sont menacés, de certains points de vue :

  • parce que les supports et dispositifs ne sont plus en fabrication, afin de pouvoir les lire correctement ;
  • les dégradations dues au stockage et à la conservation ;
  • le savoir-faire est au bord de l’extinction.

“Je n’ai pas travaillé pour sauver un artiste délibéré, je travaille pour récupérer un répertoire et sa bande magnetique au bord de la détérioration et de la perte d’un précieux héritage musical.”

Quand nous avons décidé de transmettre au public certaines oeuvres telles que celles de Nicole Croisille, Petula Clark, Sidney Bechet, plusieurs d’une centaine d’artistes, j’essaie de leur donner une longue vie et pas une durée de vie très limitée, en les sauvegardant numériquement.

En sauvant la musique qui est sur le point de se perdre, on offre la possibilité aux générations futures de découvrir le patrimoine culturel artistique mais aussi la possibilité pour la génération d’aujourd’hui d’avoir le plaisir d’écouter de la musique en numérique car nous avons avancé technologiquement. Tous les publics n’aiment pas la “Star Academy”, le public est différent, chacun a son genre de musique, qu’il aime écouter (sa musique préférée depuis sa jeunesse).

Mais pour récupérer certaines bandes des années 70 et 80, il faut les chauffer, mais avant tout il faut s’assurer que la bande est lisible, sinon on la restaurera.

Quelles sont les méthodes et quelles sont les chances de ne pas perdre un enregistrement sur un disque ou une bande magnétique ?

Il existe plusieurs techniques pour le restaurer, ce qui permet de l’entendre sur un magnétophone, au niveau de certaines bandes qui sont des années 70-80 qui nécessitent d’être chauffées dans un four pour éliminer l’humidité due à sa composition chimique. Quand on se rend compte que ce n’est pas perdu, et que le seul moyen de les transférer est de les chauffer dans un four.

Une certaine température est utilisée pour protéger la bande magnétique et dans certaines situations la bande se décolle et nous devons les coller.
En ce qui concerne la bande dans le studio, il y a eu enregistrement et réenregistrement après quoi la bande a été collée avec du scotch auquel l’adhésif se décolle au bout d’un certain temps, après avoir remis la bande en bon état de fonctionnement nous la numérisons, mais certaines techniques doit être respecté, la vitesse de course et d’aligner la tête pour reproduire numériquement le son d’origine.

La résolution d’un fichier numérique est travaillée dans une capacité maximale et non dans une basse résolution afin d’avoir un son de qualité numérique, le minimum est de 24 bits – 96kHz, ayant un fond de travail comme un mp3 minimum.

Une bande magnétique a un processus de travail d’au moins 6 mois de récupération, en tenant compte des moyens de récupération au cas où elle doit être mise au four, de l’alignement des têtes, du nettoyage des impuretés et de la réalisation de l’assemblage, mais une fois ce temps écoulé il est bien fait, le fichier résultant peut être copié rapidement et sans limites. Réussir à être technologiquement avancé et pouvoir passer de la même technologie à celle de demain, au niveau informatique.

Quant à la bande “acétate” n’est pas pérenne, les bandes sont déformées, dans ce que j’ai travaillé j’ai eu l’occasion de trouver la bande avec le trou dans l’oxyde, où j’ai fait un slalom avec des têtes de lecture pour récupérer ce que j’ai pu.
Les bandes de polyester en général d’après mon expérience sont généralement très bonnes, mais tout dépend de la façon dont elles sont conservées, toute bande peut être endommagée, par exemple “une peut être récupérée de l’eau et sauvée et une autre d’un endroit humide et perdu”. Je ne sais pas pourquoi?

“Aujourd’hui, afin de mieux sauvegarder la musique qui est sur le point de se perdre, j’utilise les nouvelles méthodes technologiques, je travaille beaucoup avec des disques durs, mais aussi avec des bandes LTO (Linear Tape-Open), en faisant des copies fréquentes.”

Pourquoi l’UNESCO nous laisse 15 ans pour sauver le patrimoine musicale?

D’après l’UNESCO, d’innombrables documents sonores d’une valeur inestimable ont déjà été définitivement perdus, et il ne nous reste plus que 10 à 15 ans pour sauvegarder les documents audiovisuels afin d’empêcher leur disparition.

La musique occupe une place de choix au sein du Patrimoine Culturel Immatériel (PCI) de l’humanité tel que le répertorie l’UNESCO depuis sa Convention de sauvegarde de 2003. Plus largement, au-delà des Nations-Unies, le « patrimoine immatériel » semble être devenu le paradigme dominant dans les actions de patrimonialisation et de valorisation des pratiques musicales à l’échelle internationale.

La majorité des études réunies ici s’intéressent à des pratiques inscrites sur les listes de l’UNESCO, qui font l’objet de programmes de sauvegarde entamés depuis plusieurs années déjà. Ces situations « post-patrimoniales » y sont examinées dans leur diversité.

Considérant que l’industrie de la musique a évolué d’année en année selon les supports physiques utilisés en studio ou dans la fabrication d’un album selon la période et l’évolution technologique.

  •  10 ans pour la période 1930-1950 (disque et bande magnétique);
  • 15 ans pour la période 1950-1980 (disque et bande magnétique).

L’évolution du support physique dans l’industrie de la musique

Durant les années 30 et jusqu’en 1980, le disque servait à enregistrer, avec une différence de technologie d’une année à l’autre en fonction de l’évolution de l’industrie musicale.

L’enregistrement électrique (78 tours):

  • un format un peu particulier, car ce disque de 16 pouces (40,5 cm) de diamètre a été utilisé un peu à part. Ces disques étaient principalement utilisés pour enregistrer des émissions de radio. Certains événements historiques importants, tels que la catastrophe du LZ 129 Hindenburg, ainsi que les batailles qui ont eu lieu pendant la Seconde Guerre mondiale, ont été enregistrés sur le “Transcription Disc” mais aussi les albums de musique.
  • également appelé ‘dubplate’, le disque acétate est aujourd’hui principalement utilisé en studio de mastering. Avant 1934, ces disques étaient en acétate de cellulose. Ces disques, généralement de 25 cm (10 pouces), sont moins durables que les disques en vinyle ou en gomme laque et ont une durée de vie plus courte que ces autres matériaux.
  • la naissance du disque vinyle microsillon 33 tours (33 tours 1/3). Introduit sur le marché par Columbia Records en 1948, il n’a pas fallu longtemps pour que l’industrie du disque en général adopte ce format et le disque vinyle n’a pas vraiment changé en presque 70 ans. C’est Frank Sinatra qui fut le premier artiste à sortir sur ce format, avec une réédition de The Voice of Frank Sinatra, sorti deux ans plus tôt en 78 tours.

L’enregistrement bande magnétique:

  • Principalement utilisé par les professionnels du son, les maisons de disques ont bien tenté de vendre des albums sur bande mais sans grand succès. De nos jours, ce type d’appareil est largement cantonné aux studios de mastering.

Combien de temps faut-il pour récupérer numériquement un disque ou une bande magnétique ?

La récupération d’une bande ou d’un disque peut prendre entre 6 mois et 2 ans selon sa conservation.
Pour “le coffret” de Sidney Bechet, il m’a fallu 2 ans de travail pour construire :

  • 4 CD d’enregistrements rares ou inédits ;
  • 250 photos et 140 documents rares ou inédits;
  • Un livre bilingue français/anglais de 216 pages au format livre d’art 30 x 30 cm;
  • Préfaces de Daniel Bechet, son fils, Bob Wilber, son élève, et Claude Wolff, son manager;
  • Récit de Fabrice Zammarchi avec la collaboration de Roland Hippenmeyer, les biographes de l’artiste;
  • Interviews inédites des témoins des venues de Sidney Bechet en Suisse.
    Ces enregistrements, pour la plupart inédits, ont été sauvegardés en haute résolution (minimum 24 bits 96 kHz) à partir des bandes originales ou des meilleures copies disponibles.

Ce projet a été réalisé en collaboration avec différentes archives privées et publiques, dont la RTS, qui ont mis les supports originaux à notre disposition (bandes magnétiques, disques 78 tours acétate, photos, documents, etc).

PRIX ET DISTINCTIONS

  • Berne, 27 octobre 2014 : Prix Memoriav – Commission suisse pour l’UNESCO 2014 pour la meilleure initiative suisse de sauvegarde ou de mise en valeur conduite dans le cadre de la Journée mondiale du patrimoine audiovisuel.
  • Paris, 19 janvier 2015 :  Prix de la Meilleure Réédition 2014 de l’Académie du Jazz.

L’histoire de la musique s’écrit tous les jours, dans les studios, les salles de concert ou ailleurs. Les enregistrements sonores sont la seule trace qui en subsiste.

Les enregistrements sonores ont une durée de vie très limitée en raison de :

– la dégradation physique et chimique des supports audio,
– l’obsolescence des équipements techniques,
– la disparition du savoir-faire.
C’est ce patrimoine que la United Music Foundation vise à sauvegarder et à transmettre.

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