Le chef de l’État, en quête d’un nouveau Premier ministre, choisit d’écarter le RN et LFI des consultations à l’Élysée. Une décision qui ravive les tensions et plonge la France dans une nouvelle zone de turbulence politique.
Le compte à rebours est lancé. Dans les salons feutrés de l’Élysée, Emmanuel Macron s’apprête à dévoiler le nom du nouveau Premier ministre, promis avant la fin de la journée. Mais au lieu de rassembler, le président semble avoir ravivé les fractures : en écartant le Rassemblement national (RN) et La France insoumise (LFI) des discussions, il s’est attiré une nouvelle tempête politique.
Un choix sous haute tension
Depuis la démission de Sébastien Lecornu lundi, le chef de l’État navigue dans un brouillard institutionnel. Engagé à nommer un successeur “dans les 48 heures”, il a finalement prolongé les consultations, cherchant désespérément une voie de sortie dans une Assemblée sans majorité claire.
Ce vendredi, à 14h30, l’Élysée s’est transformé en carrefour politique : les représentants de Renaissance, Horizons, Les Républicains, le PS, les Écologistes, le PCF, le MoDem, l’UDI, LIOT et les Radicaux se sont succédé dans le bureau présidentiel.
Tous, sauf deux. Le RN et LFI, exclus du “défilé”, comme l’a ironiquement nommé Jean-Luc Mélenchon.
Mélenchon attaque : “Le départ de Macron est une exigence légitime”
Le leader des Insoumis n’a pas mâché ses mots. Devant les caméras, il a dénoncé un président “responsable du chaos” et “coupé du peuple”.
“Le départ d’Emmanuel Macron est une exigence légitime”, a-t-il scandé, entouré de ses lieutenants, appelant à une élection présidentielle anticipée pour sortir de ce qu’il considère comme une impasse démocratique.
Son ton s’est voulu grave, presque historique : “Ce défilé à l’Élysée n’a rien d’un dialogue national. C’est une mascarade entre amis du pouvoir.”
Des fissures jusque dans la majorité
Même dans le camp présidentiel, les doutes s’expriment.
Sur France Info, Agnès Pannier-Runacher, ministre du gouvernement démissionnaire, a prévenu :
“Je ne comprendrais pas qu’il y ait une renomination d’un Premier ministre macroniste.”
Sur France 2, le chef de Renaissance, Gabriel Attal, nuance :
“Il faut partager le pouvoir.”
Pendant ce temps, Marine Tondelier (Écologistes) plaide pour “changer de moment politique” et un Premier ministre de gauche.
“Ce qu’on attend, c’est un tournant, pas une reconduction”, a insisté Alexandre Ouizille, sénateur socialiste.
Les absents et les mécontents
La liste des invités a également fait grincer des dents au Sénat. Selon Le Figaro, Gérard Larcher, président de la chambre haute, a envoyé un SMS cinglant à Emmanuel Macron pour dénoncer l’absence des sénateurs dans ce tour de table.
Une vexation supplémentaire pour les parlementaires, déjà frustrés de voir l’exécutif décider seul d’un cap qui les engage tous.
Lecornu, l’homme du retour ?
Parmi les scénarios qui circulent, un nom revient avec insistance : Sébastien Lecornu.
Devenu, en quelques jours, le Premier ministre le plus éphémère de la Ve République, il avait pourtant assuré mercredi sur France 2 ne “pas courir après le job”.
Mais sa phrase suivante résonne encore :
“Je suis un moine-soldat. S’il faut repartir en mission, je le ferai.”
Un président isolé
Le chef de l’État joue désormais sa crédibilité politique.
Le RN et LFI ont déjà annoncé qu’ils censureraient tout Premier ministre proposé par le président.
“Tout le monde bouge, sauf Emmanuel Macron”, a résumé Marine Tondelier sur TF1.
Sans majorité, sans alliance et sans ouverture, le président semble pris dans sa propre impasse.
La question brûle toutes les lèvres à Paris : Emmanuel Macron pourra-t-il encore gouverner — ou devra-t-il, à son tour, songer à passer la main ?